Le désir d'enfant n'est pas contrôlable. 30% des femmes en âge de procréer déclarent ne pas vouloir d'enfants. Elles réclament le droit de choisir sans qu'on les infantilise.
Les femmes qui ne souhaitent pas d’enfants ont souvent l'impression de ne pas être comprises. Mais aujourd'hui, la parole se libère sur le sujet. 30% des femmes en âge de procréer, selon l’étude Ifop de 2020, déclarent en effet ne pas vouloir d’enfants. Ce mouvement se nomme le "Child Free", libre de ne pas en avoir en français.
Bettina Zourli alias "Je ne veux pas d'enfants" sur Instagram, originaire de Villeneuve-d'Ascq dans le Nord, l'exprime comme ceci : "J'ai un désir de non-parentalité ! Je n'ai jamais voulu d'enfants, je n'ai jamais voulu être mère ! Cela ne m'a jamais intéressée, ni même interpellée. J'ai une famille bienveillante qui n'a jamais considéré que, parce que j'avais la capacité biologique d'enfanter, j'étais obligée de le faire."
Quatre raisons de ne pas en vouloir
Parmi celles qui déclarent ne pas vouloir d’enfants, 30% déclarent faire ce choix à cause de la crise climatique. Les jeunes revendiquent ne pas vouloir faire d’enfants pour sauver la planète, et pour ne pas infliger à leur progéniture une vie sur une terre polluée et en surchauffe.
Deuxième raison : 34% des Françaises estiment que la maternité n’est pas nécessaire ou souhaitable au bonheur d’une femme, contre 12% en 2000. La progression est saisissante, surtout si on regarde de plus près certaines catégories : ce taux monte à 70% chez les personnes LGBT ; à 53% chez les EELV (Europe Écologie Les Verts) ; 47% chez les cadres et surtout, 45% chez les 15/24 ans.
Troisième raison et non des moindres : l’inégalité des tâches parentales dans les foyers français. Se retrouver seule en congé maternité, devoir se plier en quatre à la maison pour gérer les enfants, le ménage et les devoirs, fait peur. Et puis, il y a aussi la difficulté de concilier travail et vie familiale.
Et la quatrième raison : "Eh bien, il n’y a pas besoin de bonne raison de ne pas vouloir d’enfants !" Une punchline de Bettina Zourli qui se bat avec sa page Instagram "Je ne veux pas d’enfants" pour que l’on arrête de demander aux femmes : "C’est pour quand le bébé ?"
40 % des femmes subissent des remarques désobligeantes concernant leur choix selon l‘enquête childfree de 2017 contre 27 % des hommes. Elles entendent souvent : "c'est parce que tu es jeune !" ou encore : "tu vas le regretter un jour ". Bettina Zourli, mariée avec une bonne situation professionnelle, s'est entendue dire que c'était la suite logique d'avoir un enfant : "On m'a dit que j'étais égoïste, que j'allais changer d'avis alors que c'est tout à fait naturel de ne pas vouloir d'enfant. Il faut se rendre compte qu'il n'y a rien de pathologique là-dedans. C'est viscéral et inexplicable. Le non-désir d'enfant est aussi naturel que le désir d'enfant."
La contraception définitive est légale en France
Des remarques qui n'empêchent pas 4 % de Françaises de passer le cap de la contraception définitive, autrement dit, le cap de la stérilisation. Une opération légale depuis 2001 en France avec un délai de réflexion de 4 mois après deux rendez-vous avec un gynécologue et une psychologue. Un dispositif trop contraignant selon Bettina Zourli, militante pour le droit des femmes à disposer de leurs corps. Elle a choisi la procédure de la ligature des trompes et a été très surprise de la demande de la psychologue. "En fait, c'est très perturbant, elle m'a demandé d’écrire une lettre, à écrire à moi-même ou à l'enfant que je ne veux pas. Je n'ai pas fait l'exercice. La psychologue me l'a reprochée. Je lui ai répondu que je trouvais cela gênant de devoir prouver ma bonne foi, ma bonne capacité à choisir pour moi-même par un exercice qui ressemble à une lettre de motivation."
Pour en savoir plus, retrouvez notre émission Hauts Féminin ci-dessus présentée par Marie Sicaud accompagnée de Christelle Juteau-Lermechin, journaliste. Leur invitée est Bettina Zourli alias "Je ne veux pas d'enfants" sur Instagram.