Témoignage. Victime d'injections illégales de botox : "J'irai jusqu’au bout pour empêcher d'autres personnes de vivre la même chose"

Publié le Écrit par Noëlle Hamez
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Pendant plusieurs mois, Benoît s'est rendu dans le cabinet des soeurs valenciennoises qui se faisaient passer pour des pseudo-docteures et injectaient du botox illégalement à leurs clients. Aujourd'hui Benoît a porté plainte, et raconte comment cette "escroquerie bien ficelée" a rendu son quotidien infernal.

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"Je suis méconnaissable, totalement détruit du visage." Paupière tombante, pustules, gonflements... Benoît, Lillois de 53 ans, a subi des injections de botox illégales pendant plusieurs mois, depuis décembre 2021. Le cabinet pourtant "très professionnel" où se rendait ce responsable juridique, était en fait tenu par deux sœurs, originaires de Valenciennes, qui se faisaient passer pour des médecins et "recrutaient" leurs clients via deux comptes Instagram et Snapchat sous le pseudonyme de "Docteur Lougayne". Or, sans diplômes et utilisant des produits périmés ou non homologués, ces deux femmes ont causé de lourds dommages physiques, moraux et financiers à leur clientèle.

Un miroir-aux-alouettes

Benoît n'en était pourtant pas à son coup d'essai avec la chirurgie esthétique. "Depuis dix ans je me faisais injecter du botox chez le même praticien, au niveau des pattes d'oie et de la ride du lion... Quand il est parti à la retraite, j'ai dû chercher quelqu'un d'autre." C'est à ce moment-là que le Lillois tombe sur le cabinet des pseudo-docteures, situé entre Wattrelos et Roubaix, trouvé par hasard sur Internet.

Selon ce responsable juridique, les tarifs affichés, entre 200 et 400 euros, étaient dans la même gamme de prix que ceux des autres praticiens. "Je ne me suis donc pas inquiété", regrette Benoît. "D’autant plus que, dans le cabinet, des diplômes étaient affichés pour alimenter l'escroquerie, et la salle d'attente était bondée."

Clientèle au rendez-vous, avec des personnes venues de Belgique pour une simple séance, matériel vraisemblable, jeu d'acteur des deux sœurs qui se faisaient passer respectivement pour une médecin et une aide-soignante... Pour Benoît, "tout inspirait la confiance."

Des répercussions sur le quotidien

Dès le premier rendez-vous, plusieurs réactions cutanées inhabituelles sont apparues. "Des crevasses se sont formées sur mon visage, qui a commencé à totalement se déformer", relate ce sportif, passionné de boxe française. "Lorsque j'appelais le cabinet, elles me demandaient d'attendre une semaine pour voir si les effets se dissipaient... Mais chaque jour mon état s'aggravait." À tel point que près de deux ans plus tard, le cinquantenaire va devoir subir une opération en octobre pour restaurer une partie de son visage.

"Je suis obligé de mettre du scotch sur ma paupière gauche pour pouvoir travailler. Sinon elle m'obstrue totalement la vue." Un réel handicap pour le quotidien de ce responsable juridique, qui travaille essentiellement sur ordinateur, l'obligeant à fournir plus d'effort pour parvenir à lire son écran. "Je consulte aussi une infirmière tous les deux jours pour avoir des perfusions." Si Benoît reprend "doucement du poil de la bête", il reste tout de même bien décidé à porter son histoire en justice.

Menaces de mort et intimidation

Après avoir consulté plusieurs fois ces pseudo-docteures pour tenter de rattraper les dégâts causés - ce qui n'a fait "qu'empirer les choses" - Benoît décide de "ne plus se laisser faire." "Même les séances de rattrapage, normalement gratuites chez d'autres praticiens, étaient facturées... J'ai donc fini par formuler des demandes de remboursement, en expliquant les blessures et les dommages engendrés."

Résultat : en février 2023, Benoît reçoit des menaces de mort de la part des deux sœurs, mais aussi de leurs oncles et du petit ami de l'une d'entre elles. Le Lillois reçoit également des appels masqués menaçant de "lui casser la gueule", ou de "le jeter dans le canal." "Heureusement, je ne suis pas du genre à me laisser marcher dessus, j'ai donc formulé une dernière demande de remboursement le 19 mars, avant de porter plainte le 21 mars."

Interpellées début mai 2023, les deux femmes ont été entendues au tribunal le vendredi 14 juillet 2023. En raison des traitements constants qu'il doit subir, Benoît n'a pas pu se rendre à l'audition. Leur jugement devrait avoir lieu le 17 août prochain. "J'y serai", affirme la victime. "Après ce qu'elles m'ont fait, j'irai jusqu'au bout."

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