Ils scandent leurs revendications et brandissent des banderoles. Les laboratoires privés de Saint-Philibert et Saint-Vincent sont en grève ce lundi 4 novembre. Une quarantaine de grévistes réclament une revalorisation de salaires. Un service minimum sera effectué. Le service fonctionnera comme un jour férié.
“Pas de labo, pas d’hosto.” Ils étaient une quarantaine lundi 4 novembre 2024, dès sept heures du matin, à manifester devant l'hôpital Saint-Philibert à Lomme. Ces techniciens de laboratoires du groupement d'hôpitaux de l'Institut catholique (GHCIL) revendiquent une hausse de salaires.
Les syndicats SUD et CFDT ont appelé à la manifestation. Nouveaux dans le métier ou expérimentés, tous se réunissent. Lundi 4 novembre, ils entendent bien "assurer un service minimum et fonctionner comme un jour férié", s'accordent les syndicats.
Julie, 30 ans, travaille depuis dix ans au sein du groupement privé de laboratoires. "Je veux aller dans le public principalement pour des raisons de salaire", explique la technicienne de laboratoire. Aujourd'hui, elle tourne autour de 2000 euros net par mois, en comptant la prime du Ségur de la santé. Dans le public, elle affirme pouvoir obtenir "entre 400 et 600 euros de plus."
"J'ai atteint un point de non-retour"
Semaines à rallonge, mauvais encadrement, planning de Noël toujours pas délivrés et peu de revalorisation de salaires... La jeune femme confie pleurer tous les jours. Quotidiennement, elle partage son expérience avec ses collègues qui la soutiennent. "Ici, je me sens comme un pion. J'ai atteint un point de non-retour. Je sais que l’herbe ne sera peut-être pas plus verte ailleurs, mais je n'ai pas le choix que de changer d'environnement."
Je sais que l’herbe ne sera peut-être pas plus verte ailleurs, mais je n'ai pas le choix que de changer d'environnement.
Julie, technicienne de laboratoire
Déterminée d'être rémunérée davantage, Julie a entamé les démarches pour se rendre dans un établissement public. Ce lundi, elle passe un entretien." Plusieurs personnes essayent de postuler, mais on est un peu bridé. Le Centre Hospitalier Régional (CHR) a du mal à nous intégrer à leur service. Ils craignent de se froisser avec le privé", révèle la technicienne de laboratoire.
"Une injustice entre le public et le privé"
À proximité de la gréviste, Julia, 25 ans. Ancienne employée d'un laboratoire privé du centre-ville de Lille, elle a postulé au laboratoire de Saint-Philibert à Lomme pour de meilleures conditions de travail.
Pendant la période covid, c’était à la chaîne. "Les biologistes nous mettaient la pression pour effectuer les tests au plus vite. Je finissais souvent à 23 h alors qu'ici à 21h je suis rentrée", raconte-t-elle. Bien que plus considérée à son nouveau poste, Julie regrette une "injustice entre le public et le privé."
Une intuition qui se confirme par les chiffres. Un technicien de laboratoire dans le privé commence sa carrière à 2000 euros net. Autour de ses 30 ans d'ancienneté, il atteint les 2500 euros net. À titre de comparaison, dans la fonction publique, un tout jeune salarié débute autour de 1 800 euros net, plus les années passent, plus son salaire augmente. Passé 30 ans d'ancienneté, il plafonne à 3200 euros nets. Chaque année, les revalorisations de salaire dans le public sont donc plus importantes que dans le privé.
"Nous sommes prêts à reconduire la grève"
"Sans laboratoire, l’hôpital ne tourne pas, on traite tous les tests des patients. On aiguille le médecin sur la pathologie et les traitements à réaliser", explique le syndicaliste Patrick Boulet, élu CSE SUD, du groupement d'hôpitaux de l'Institut catholique de Lille.
Sans laboratoire, l’hôpital ne tourne pas, on traite tous les tests des patients. On aiguille le médecin sur la pathologie et les traitements à réaliser.
Patrick Boulet, élu CSE SUD au groupement des hôpitaux privés de Lille
Un décret daté du 22 janvier 2022 change les grilles tarifaires des salariés du public, mais non pas du public. "Nous sommes oubliés”, commente le technicien de laboratoire. Sa revendication : “Un alignement par rapport au public."
"Depuis 22 que je suis là, c’est la première fois que je manifeste, martèle Patrick Boulet. Nous resterons jusqu'à 17h et reconduirons la grève demain." "On ne lâchera rien", scande un manifestant.
En début d'après-midi, les syndicats ont échangé avec la direction du groupement d'hôpitaux de l'Institut catholique de Lille. "Ils disent ne pas augmenter les salaires. Une prime serait envisageable, mais ce n'est pas ce qu'on demande en priorité", indique le représentant syndical.