A la veille d'une réunion des 27 ministres de l'Intérieur européens, Emmanuel Macron leur a présenté à Tourcoing, en tant que président du Conseil de l'Union européenne, sa réforme de l'espace Schengen qu'il souhaite démarrer dans les six mois de la présidence française de l'UE.
Dans un discours retransmis en direct sur la chaîne YouTube de l'Elysée, le président du Conseil de l'Union européenne Emmanuel Macron a indiqué aux ministres de l'Intérieur européens vouloir "remettre de la politique au cœur de la gouvernance de Schengen".
Comme attendu, il a bien annoncé sa volonté de réformer le pacte migratoire européen, et avec lui l’espace Schengen, qu'il considère comme "mort".
"Schengen a été conçu à une époque très différente d'aujourd'hui", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse aux côtés de Gérald Darmanin, devant la mairie de Tourcoing, sur fond sonore lointain de manifestants antivaccin.
"C'était avant la reprise du terrorisme sur le sol européen et avant la reprise forte d'une immigration..."
"Avant une transformation qui fait de l'immigration une forme d'arme hybride pour toutes ces puissances qui veulent nous déstabiliser."
La réforme de l'espace Schengen, créé en 1995
Puisque pour le président, l'espace Schengen permettant aux Européens de circuler sans contrôle au sein des pays de l'Union a vécu, "il est nécessaire de le réformer à travers deux axes."
- En faisant de Schengen un espace piloté politiquement, grâce à l'installation d'un conseil Schengen avec un coordinateur, "à l'image de ce que nous avons fait pour la zone euro".
- En instaurant un mécanisme intergouvernemental d’urgence pour aider Frontex, l’agence européenne chargée de la surveillance des frontières.
Une politique européenne d'asile et de migration
Lors de son discours, Emmanuel Macron a affirmé qu'il faudrait "travailler avec les pays de départ et de transit, notamment en Afrique et au Moyen-Orient"
"C'est important, à la fois pour empêcher les flux clandestins et le trafic de la misère, et pour faire en sorte que ceux qui sont déboutés du droit d'asile puissent retourner sur leur terre d'origine dans la dignité. Il est important de mieux mettre en commun nos efforts en matière de retour."
Interrogés par des journalistes au sujet de Calais, il s'est réjoui de la disparition de la jungle mais a reconnu que "nous avons en permanence entre 400 et 600 migrants, dans des situations de grande détresse, qui restent là".
"Il faut bien voir que les hommes et les femmes qui restent à Calais et qui font le choix du pire en traversant le détroit veulent uniquement et absolument rejoindre le sol britannique. Or, aujourd’hui, l’immigration légale n’est pas organisée au Royaume-Uni. Si nous ne réglons pas ce problème, nous ne pourrons pas résoudre ce problème dans la durée."
Rebâtir une relation avec les Britanniques
Le président de la République voit deux solutions possibles. La première est européenne : "mieux tenir nos frontières". L’autre réponse est "de rebâtir une relation bilatérale avec les Britanniques, pour gérer une voie d'accès à l'asile légal."
"Ce n'est pas un sujet France - Royaume Uni, a-t-il insisté, mais Europe - Britanniques."
Demain, les ministres de l'Intérieur des 27 pays de l'UE se réuniront à la chambre de commerce et d'industrie de Lille, sur le thème de la sécurité et de la justice. A noter que Lille fait partie de la quinzaine de villes (avec Paris, Marseille, Bordeaux, Strasbourg…) à avoir été retenues pour accueillir des réunions ministérielles informelles.