Tourcoing : le dessinateur François Boucq porte le crayon dans la plaie dans une exposition sur la liberté d'expression

L'exposition “Liberté dessinée ! François Boucq et ses amis” se tient actuellement à la Maison Folie-Hospice d'Havré de Tourcoing. Plus de 300 dessins de l'artiste et de ses amis (Alice, Cabu, Charb, Coco, Foolz, Honoré, Juin, Plantu, Riss, Willem et Wolinski) consacrent la liberté d'expression.

C'est un procès qu'il ne pourra jamais oublier : celui des attentats de Charlie Hebdo. François Boucq en a gardé un souvenir vif, il l'a couvert du premier au dernier jour sans jamais en manquer un seul. De cette expérience marquante, il a décidé de réaliser une exposition à la maison Folie de Tourcoing, un hommage aussi à ses collègues, morts pour certains le crayon à la main. 

Liberté dessinée ! est née de l’envie de réaffirmer avec force l’importance du dessin dans notre société, au lendemain du procès des attentats de janvier 2015 et des évènements tragiques d’octobre 2020. "Cette exposition est née d'une discussion que j'ai eue avec Marie France Berthet, la directrice de cet endroit, explique François Boucq. Je lui ai dit que j'allais couvrir le procès Charlie, que j’allais faire beaucoup de dessins et je pensais que ce serait bien d'en faire une exposition." La proposition est acceptée avant même que la première audience ne commence et le dessinateur se lance dans une singulière aventure. 

Plusieurs pôles dans l'exposition

Plusieurs pôles sont à visiter durant cette exposition émouvante et nécessaire. Le premier, celui du procès Charlie Hebdo, est le fruit du travail de François Boucq, novice dans le monde de la justice au moment où il couvre les audiences. "Le rédacteur en chef de Charlie m'a demandé de couvrir le procès et je ne me voyais pas refuser de faire ça", poursuit-il. C'est d'ailleurs à ce moment là qu'il découvre le territoire de la justice comme un profane qui apprend et qui se sent mal à l'aise. "Mais petit à petit, on s'habitue, et plus ça va, plus on est impliqué, même contaminé. C'est à la fois passionnant et émouvant, vous êtes sollicités sur tous les plans".

Petit à petit, on s'habitue, et plus ça va, plus on est impliqué, même contaminé. C'est à la fois passionnant et émouvant, vous êtes sollicités sur tous les plans.

François Boucq à propos du procès des attentats de Charlie Hebdo.

Cette implication se ressent. Un vrai travail de réflexion a été fait et il transparaît à chaque instant. L'atmosphère est parfois lourde et certains dessins ravivent même des souvenirs difficiles aussi bien pour le dessinateur que le spectateur. "Je me suis posé de nombreuses questions durant le procès : Comment on s'y prend ? Comment on découvre l'univers de la justice ? Comment on en témoigne ? Parce qu'il n'y a pas de possibilité de caméras avec le système français. C'est le dessinateur qui est le témoignage visuel de ce qui se passe avec une charge importante qui est de saisir les éléments les plus emblématiques".

Le second pôle est dédié à ses amis et collègues. Un lieu de recueillement et d'hommage, en somme. "Je tenais beaucoup à ce que les dessinateurs de Charlie soient représentés, mais aussi certains de mes collègues. On a fait toute une partie de l'exposition sur la liberté d'expression parce que le procès, en grosse partie, tournait autour de ça". Et le pari est réussi. 

"Pas de morale dans le dessin"

Au cours de notre rencontre, François Boucq ne peut s'empêcher de revenir sur la génèse même du dessin de presse, qui possède une écriture très particulière.  "Ce n'est pas pareil qu'un pamphlet écrit, c'est quelque chose de plus immédiat ou qui a l'air d'être le plus immédiat, les bons dessins c'est ceux sur lesquels on peut revenir et méditer sur l'envergure que ça peut susciter". Il explique d'ailleurs que l'humour "c'est quelque chose qui dépasse tout".

Un dessin de presse ce n'est pas pareil qu'un pamphlet écrit, c'est quelque chose de plus immédiat ou qui a l'air d'être le plus immédiat, les bons dessins c'est ceux sur lesquels on peut revenir et méditer sur l'envergure que ça peut susciter.

François Boucq

Selon lui, dans le dessin, "il peut pas y avoir de morale, aussitôt qu'on fait de la morale, on n’est plus humoristique mais moraliste, on se sert d'une tonalité qui peut ressembler à l'humour mais qui est entachée par le moralisme. La plupart du temps, ceux qui se heurtent à l'humour ce sont les moralistes.

L'exposition se tient à la Maison Folie hospice d'Havré à Tourcoing jusqu'au 25 juillet 2021. L'entrée est gratuite sur réservation en ligne

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