Une pétition pour interdire les combats de coqs dans le Nord et le Pas-de-Calais, dernière région métropolitaine qui autorise cette tradition

Alors que les combats de coqs sont interdits en France, une exception existe dans le Nord et le Pas-de-Calais. Selon plusieurs estimations, il existerait une vingtaine de gallodromes dans la région. Une nouvelle pétition vient d'être lancée pour interdire cette tradition.

Elle n’en est pas à son coup d’essai. Gabrielle Paillot habite Laon, dans l’Aisne. Celle qui se qualifie comme "porte-parole des animaux" a trouvé le moyen de porter haut et fort ses combats sans être affiliée à quelconque mouvement ou association. "Depuis 2016, je défends les animaux à travers des pétitions citoyennes, explique-t-elle. J’ai aujourd’hui plus de 80 pétitions à mon actif".

230 000 signatures pour la création d’un numéro d’urgence unique en France contre la maltraitance animale, 206 000 pour l’abolition de la chasse à courre, 130 000 pour l’interdiction des écoles privées de tauromachie en France… Au fil des pétitions, elle s’est forgée une communauté d’internautes qui la soutiennent et partagent ses tribunes. Son nouveau combat : faire interdire les combats de coqs.

"Je sais qu’il y a encore des traditions qui se perpétuent comme la corrida dans le sud, et je me suis demandée ce qu’il nous restait dans le Nord, raconte Gabrielle Paillot. J’ai vu qu’il y avait encore des gallodromes dans le Nord et le Pas-De-Calais. Ça m’a beaucoup étonné car je pensais que cette pratique était interdite". 

Une pratique interdite en France… à une exception près

En effet, cette pratique est strictement interdite en France selon l’article 521-1 du Code pénal.

Le fait, publiquement ou non, d’exercer des sévices graves ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.

Article 521-1 du Code pénal

Interdite… à une exception près. Selon l’alinéa 9 du même article, cette disposition ne s’applique pas "aux combats de coqs dans les localités où une tradition ininterrompue peut être établie".

Arrivée tout droit d’Angleterre au 18ème siècle, cette tradition s’est développée au fil des ans dans le Nord et le Pas-de-Calais. En témoigne Combat de coqs en Flandre, le chef d’œuvre du peintre belge Rémy Cogghe peint en 1889 et désormais exposé dans une pièce du musée de la Piscine de Roubaix qui porte son nom.

"Selon mes informations, il y aurait un peu mois de 1 000 coqueleurs – des gens qui élèvent des coqs pour le combat – dans le Nord et le Pas-de-Calais aujourd’hui contre 15 000 dans les années 20, avance l’autrice de la pétition. Selon les dernières données disponibles, il y aurait dans la région une vingtaine de gallodromes où s’organisent environ 9 000 combats de coqs par an".

Contactées, les préfectures du Nord et du Pas-de-Calais indiquent qu'il n'existe pas de liste de gallodromes. Cependant, une circulaire de 1989 indique les communes reconnues comme ayant une tradition ininterrompue, c'est-à-dire où les combats de coqs peuvent se tenir : 36 communes se situent dans le Pas-de-Calais, une douzaine dans le Nord.

Une activité devenue confidentielle

Les combats de coqs consistent à faire s’affronter deux combattants du Nord, une race de coqs pesant de 4 à 6 kg. Une fois préparés, les coqs sont positionnés face à face sur un ring avant d’être lâchés et de se battre. Réunis dans le gallodrome, les spectateurs font des paris sur le coq qui va l’emporter.

"On met au bout des pattes des coqs des sortes de petites lames, puis les coqs s’entretuent", détaille Gabrielle Paillot à l’origine de la pétition. 

Lorsque les combats de coqs sont organisés, les salles basées dans les villages du Nord et du Pas-de-Calais accueillent plusieurs dizaines de personnes venues assister aux combats. Des spectateurs qui viennent de la région, mais également depuis la Belgique où cette pratique est interdite.

Contactés, des maires de plusieurs communes où des gallodromes sont installés confirment que l’affluence est au rendez-vous les jours de combat. Mais de l’aveu de tous, cette tradition va s’éteindre petit-à-petit.

Pour plusieurs raisons. L’interdiction de construire de nouveaux gallodromes d’une part, mais aussi le désintérêt des jeunes générations qui ne souhaitent plus perpétuer cette pratique. Sans oublier les mobilisations des défenseurs du bien-être animal qui se font de plus en plus entendre, comme Gabrielle Paillot. "Je peux vous assurer que ma pétition va prendre de l’ampleur dans les prochains jours", assure-t-elle, bien déterminée à faire interdire cette pratique, dans le Nord et le Pas-de-Calais comme partout ailleurs.

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