En contact avec une tante atteinte de salmonellose, Delphine, 50 ans, a été hospitalisée à Maubeuge avec des fortes fièvres et des diarrhées aigües le 3 septembre. Si la tante est aujourd'hui sauvée, Delphine, elle, est décédée après un deuxième arrêt cardiaque, moins de deux jours plus tard. Une plainte a été déposée.
Emmanuel Wautier, 50 ans, est en "colère". Aujourd'hui, il veut savoir, pour la mémoire de Delphine, sa belle-soeur, mais aussi pour sa femme Dorothée et pour Chloé, la fille de la victime, âgée de 18 ans.
Dans un premier temps, c'est pour comprendre que cette famille a déposé plainte à Maubeuge le 12 septembre dernier pour "homicide involontaire" et "mise en danger de la vie d'autrui", mais aussi pour, s'il y a eu d'éventuels dysfonctionnements, que cela cesse.
Samedi 3 septembre, Dorothée et Delphine, deux soeurs, s'appellent. Cette dernière, victime de diarrhées aigües et d'une forte fièvre, est conduite aux urgences de l'hôpital de Maubeuge par Dorothée. En tout cas, "Dorothée a tout de suite prévenu que sa soeur avait été en contact avec une tante (aujourd'hui sauvée) atteinte de la salmonellose quatre ou cinq jours avant et qu'elle a les mêmes symptômes", explique Emmanuel Wautier.
Le lendemain, dimanche 4 septembre, Dorothée va rendre visite à sa soeur à l'hôpital. "Elle la découvre seule, assises sur les toilettes de sa chambre d'hôpital, une couche aux pieds, pleine d'excréments sur elle, avec des excréments secs de la veille sur les pieds, complètement désorientée. Ma femme a dû appeler les infirmières pour l'aider et pour lui faire la toilette. On a eu une forte impression que personne ne s'affolait et on n'était au courant de rien", commente l'intéressé.
On a eu une forte impression que personne ne s'affolait et on n'était au courant de rien
Emmanuel Wautier
Les deux soeurs restent en contact via smartphone. Lundi 5 septembre dans la matinée, Delphine envoie un message : "12 diarrhées dans la nuit, 4 ce matin". Puis un autre, qui suscite des questions : "prends la bétadine et mes médicaments". Dorothée téléphone à l'hôpital peu après midi (selon les souvenirs d'Emmanuel) qui les informe que "Delphine a subi un arrêt cardiaque, qu'on la descend au scanner puis en réanimation". "À 14h25, on saura que Delphine est décédée d'un deuxième arrêt cardiaque qui a eu lieu à 12h43".
"Syndrome du coeur brisé"
Après la douleur et la peine, la colère prend le dessus quand, aux pompes funèbres, la famille apprend que Delphine avait le Covid-19 et que Chloé, sa fille, ne pourra revoir le visage de sa mère. "Pourquoi ne nous a-t-on pas informés de cela en amont ?", interroge Emmanuel dont la femme a été exposée au Covid-19 de sa soeur.
Suite au "coup de stress, ma femme, qui a une maladie cardiaque détectée il y a deux ans, a fait un malaise. Elle est hospitalisée à Valenciennes mais serait hors de danger actuellement et doit sortir en début de semaine prochaine. Elle a eu un syndrome du coeur brisé et aurait frôlé l'infarctus".
Le 12 septembre, une plainte est donc déposée au commissariat de Maubeuge par quelques membres de la famille, pour mise en danger de la vie d'autrui et homicide involontaire.
"Le Centre Hospitalier de Maubeuge a bien connaissance de la situation décrite mais ne fait pour l'heure pas l’objet de poursuites judiciaires. Étant garant du secret professionnel et de l’intimité des patients, nous ne nous exprimerons pas davantage sur le sujet évoqué pour le moment. Néanmoins, sachez que toutes les procédures liées à ce type d’événement ont été mises en place et tout est actuellement mis en œuvre afin d’apporter des réponses aux interrogations des proches", a expliqué dans un courrier vendredi 16 septembre l'hôpital de Maubeuge.