Après de nombreux reports, la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg pourrait se prononcer mercredi sur la reprise de l'aciérie Ascoval par le groupe franco-belge Altifort, avec 281 emplois à la clef.
L'audience est fixée à 9h et les magistrats qui examineront l'offre du repreneur sont susceptibles de rendre leur décision dans la journée. Mais qu'en sera-t-il ? Une mise en délibéré voire un nouveau renvoi sont loin d'être exclus."Ce qui est sûr, c'est que c'est la dernière audience. Normalement le délibéré sera rendu quelques jours après, le 19 décembre grand maximum a priori", avançait mardi soir le délégué syndical CGT d'Ascoval Nacim Bardi, interrogé par l'AFP.
Selon Bercy, l'audience du tribunal " permettra d'étudier le projet avec une décision définitive attendue dans les jours suivants". La veille, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire assurait lors d'une réunion à Bercy consacrée au sort de l'aciérie de Saint-Saulve (Nord), en redressement judiciaire depuis le 10 janvier: la reprise d'Ascoval est "sur la bonne voie" avec "un plan de financement solide", l'Etat s'engageant à apporter 25 millions d'euros.
"Les principaux obstacles à la réussite du projet de reprise sont désormais tous levés grâce à la mobilisation de l'ensemble des parties prenantes et notamment des salariés", a-t-il renchéri dans un communiqué.
"Repreneur, État, Région, Valenciennes métropole... toutes les conditions sont réunies pour que le tribunal puisse valider l’offre de reprise", se félicitait également le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand. Pour autant, les voyants n'étaient pas encore passés tous au vert. Cité par des participants à la réunion, Bruno Le Maire a reconnu qu'il restait "un ou deux sujets techniques à traiter", espérant qu'ils le seraient avant l'audience de mercredi.
"Ce que l'on souhaite avec les représentants du personnel, c'est que cela soit validé très très vite et que l'on ait la réponse définitive en décembre", ajoutait Xavier Bertrand, laissant lui aussi entendre que la décision pourrait être encore reportée.
Optimisme prudent
"On ne peut pas vraiment dire que nous sommes satisfaits parce qu'il y a encore pas mal de points à régler d'ici mercredi", notait également Nacim Bardi lundi, évoquant "des conditions suspensives qui ne sont pas levées".
Devenue Ascoval en 2017, l'aciérie de Saint-Saulve attend un repreneur depuis la liquidation judiciaire en février 2018 du groupe Asco Industries, à qui le sidérurgiste Vallourec avait cédé 60% de l'usine, tout en conservant 40% des engagements de commandes.
"Vallourec continue de mettre des bâtons dans les roues" et "ajoute un nouveau problème à chaque fois", s'est indigné Nacim Bardi, pour qui "le seul point positif, c'est que le montage financier (ait été) bouclé".
Fin janvier 2018, le suisse Schmolz+Bickenbach avait acquis la plupart des actifs d'Asco Industries, sans inclure Ascoval dans le périmètre de cette reprise. En conséquence, Ascoval était parti à la recherche de son propre repreneur.
L'offre de départ d'Altifort impliquait que Vallourec maintienne pendant un an et demi son niveau actuel de commandes, mais le sidérurgiste a refusé, obligeant le gouvernement et le groupe franco-belge à travailler sur une proposition alternative avec des sources de financement et des clients supplémentaires.
Selon Bercy, la réunion de lundi a bouclé "le plan de financement du projet de reprise" avec les 25 millions d'euros de l'Etat correspondant au montant de l'investissement d'Altifort, conformément à l'engagement du ministre de l'Economie. Valenciennes Métropole doit également contribuer à hauteur de 10 millions d'euros et la région Hauts-de-France de 12 millions.