La direction de l'usine de Crespin (Nord) du constructeur ferroviaire Bombardier -touchée depuis lundi par un mouvement social- a demandé aux syndicats de "cesser sans délai" les blocages quotidiens du site, prévenant qu'elle saisirait la justiceen cas de refus.
Depuis lundi, des salariés bloquent chaque matin l'entrée de camions transportant des pièces détachées nécessaires à la construction des trains pour protester contre la proposition de la direction de travailler une semaine de plus fin juillet pour "rattraper" la fermeture de deux mois liée au confinement.
Pour la direction, ce raccourcissement des congés vise à livrer rapidement aux clients des trains ommandés et à compenser une partie des pertes financières et salariales. "Cette semaine de travail supplémentaire serait payée l'équivalent de deux semaines, plus une prime exceptionnelle de 200 euros", assure une porte-parole.
"Sans délai"
Lundi, entre 200 et 300 salariés avaient bloqué l'entrée du site de 9H à 12H pour s'opposer à la mesure, selon l'intersyndicale Sud-CGT-CFDT. Ils ont depuis reconduit chaque jour ce blocage, décidant jeudi matin en AG de "poursuivre le mouvement" vendredi et la semaine prochaine.
De son côté, la direction a elle adressé un courrier mercredi aux syndicats pour réclamer la fin des blocages "sans délai". "Si nous respectons pleinement le droit de grève, nous ne pouvons accepter de telles actions (..) qui perturbent fortement l'activité" et sont "parfaitement illicites", écrit notamment le directeur du site.
"A défaut, nous serions conduits à devoir engager toute démarche judiciaire appropriée", prévient-il.
"Impasse"
Pour le délégué de Sud Karim Khatabi, qui s'exprime au nom de l'intersyndicale, "ces intimidations et menaces sont une atteinte au droit de grève des salariés".
"On est dans une impasse, face à une direction qui refuse de négocier", a-t-il dit, précisant qu'une réunion informelle avec la direction jeudi matin n'avait pas permis de débloquer la situation.
"Ce ne sont pas des menaces, c'est une lettre d'information, qui rappelle aux salariés que le droit de grève est acquis mais que le blocage est une action illégale",
a répondu une porte-parole de la direction, jugeant que le mouvement, suivi par "une faible part des salariés", ne "reflète pas la position de la majorité".
Selon la direction, les blocages sont menés "pendant 1H à 1H30 chaque matin, par 100 ou 150 personnes, dont beaucoup d'intérimaires (...) de moins en moins nombreux chaque jour".