EDF et Orano ont annoncé ce jeudi 17 octobre 2024 l'abandon du projet d'une piscine centralisée d'entreposage des combustibles usées à La Hague. À la place, ce sont trois piscines nucléaires qui devraient voir le jour sur le site d'ici 2040. Les antinucléaires d'étranglent...
Les antinucléaires sur le site de La Hague n'ont pu se réjouir que quelques heures ce mardi 15 octobre 2024.
Car l'abandon du projet de piscine centralisée d'entreposage de combustibles usées porté par EDF et Orano, annoncée lors de la plénière du Haut comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire (HCTISN), a aussitôt été supplanté par un projet encore plus important.
L'implantation de trois piscines décentralisées de 6 500 tonnes de métal lourd irradié (tmli) et de nouvelles installations de retraitement à La Hague, sous maîtrise d'ouvrage Orano.
Des piscines prêtes en 2040
"Cette substitution du projet d’EDF (...) s’explique par la production industrielle des usines de La Hague, en amélioration, et par les orientations politiques exposées en Conseil de politique nucléaire (CPN) le 26 février 2024. À savoir un maintien durable de la production électronucléaire en France et une confirmation de la politique de traitement recyclage, en visant un cycle intégralement fermé à l’horizon de la fin du siècle" précise le Haut comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire.
Le nouveau projet dévoilé prévoit que les trois futures piscines nucléaires d'entreposage de combustibles usées soient adossées à la construction de nouveaux ateliers et usines d'Orano qui entreront en service d'ici 2040.
Une orientation qui s'inscrit dans la volonté du gouvernement de développer massivement ce secteur et "d'ouvrir une nouvelle page de l’histoire nucléaire française. Le temps des grands projets nationaux est aujourd’hui revenu. Le nucléaire y occupera une page centrale" déclarait le 7 mars 2024, Bruno Lemaire, alors Ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle, lors d'une visite sur le site de La Hague.
Un projet "secret" et "chimérique"
De leurs côtés, les antinucléaires digèrent difficilement ce "coup théâtre". L'association "Robin des Bois", membre du HCTISN, dénonce "un projet proliférant lancé dans le secret à l’Elysée par le Conseil de Politique Nucléaire (CPN) du 26 février 2024".
Pour les militants écologistes, la cohabitation dans le périmètre actuel de l’usine de La Hague entre les INB existantes et la construction et l’exploitation des nouvelles installations "serait chimérique au regard de la sûreté et de la sécurité nucléaires".
L'association en conclut donc qu'une "extension du périmètre de l’usine de La Hague paraîtrait inévitable si ce projet était accepté par la société civile, par l’Autorité de Sûreté Nucléaire et de Radioprotection (ASNR) en cours de formation, par le haut fonctionnaire de défense et de sécurité du ministère de l’Economie et des Finances et par les pays riverains."
Robin des Bois souligne enfin qu'aucune "donnée sur le coût et le financement de ce projet mirifique n'a été présentée".