Alors que la vague Omicron déferle sur les établissements scolaires, Faustine Ottin, directrice d’école à Bruay-sur-l’Escaut, jongle en ce début d’année, entre nouveau protocole, élèves malades et parents affolés. La crise sanitaire complique toujours plus l’exercice de sa profession.
Lundi 3 janvier, mardi 4 janvier, deux jours, qui lui ont paru deux semaines. "Les rentrées en janvier sont toujours fatigantes en temps normal. Mais là…", s’exclame Faustine Ottin. Ce n’est pourtant pas la première rentrée scolaire sous Covid que cette directrice d’école de Bruay-sur-l’Escaut affronte, mais cette fois-ci les difficultés s’enchaînent. Avec pour commencer l’annonce très tardive des nouvelles consignes à l’école.
"Fin 2021, on s’était quittés en programmant pour la rentrée, des projets artistiques", détaille la directrice, "des groupes de niveau avec un mélange des élèves dans des classes différentes, des échanges de service". Jusqu’à dimanche 2 janvier, veille de la rentrée : un nouveau protocole tombe : "on n’a plus droit à aucun mélange", explique-t-elle. "En deux jours, il a fallu réorganiser complètement le service".
15% des élèves de son établissement étaient absents lundi et mardi, du jamais-vu pour Faustine Ottin ! "Pour vous donner un exemple, j’ai normalement une classe de 21 élèves : ils n’étaient que 12 lundi. Il n’y avait pas une seule classe dans l’école où il n’y avait pas, au moins, un élève absent".
Les journées sont rythmées par les appels des parents qui se perdent dans les règles du protocole sanitaire. "J’ai appris mardi soir à 20 heures qu’un élève était positif lundi. J’ai donc appelé mercredi matin toutes les familles des enfants de la classe pour leur demander de se faire tester".
Difficile alors dans ces conditions de faire cours pour ses enseignants. "Je ne vais plus parler de pilotage pédagogique dans les jours qui viennent", explique Faustine Ottin. "Comment essayer de faire sens dans nos cours avec un turnover d’élèves aussi important ? Comment aborder en classe des notions essentielles au programme ?".
Et de décrire son quotidien depuis deux ans. "Les jours de repos, en vacances, je suis sur le qui-vive, nous confie-t-elle. Je n’ai pas décroché des actualités et de ma boîte mail depuis mars 2020. Aborder la rentrée comme ça, c’est angoissant et épuisant. Même si j’ai une certaine fierté avec mes collègues : on a traversé toutes ces périodes compliquées, on a fait tout ce qu’on nous a demandé en essayant de faire sens à chaque fois".
"Seulement cette fois-ci, ajoute-t-elle, c’est plus difficile : la fin de la vague n’est toujours pas visible".