Leurs conclusions ont été rendues à la fin du mois de novembre et publiées dans la revue scientifique PLOS One : ils observent une corrélation entre la température ambiante et les cas de graves de Covid-19.
"Nous avons constaté au mois d'octobre une accélération épidémique quand il a commencé à faire froid", relevait Olivier Véran, le ministre de la Santé, en novembre dernier. C'est une constatation qui prend de plus en plus de corps, le virus sembler circuler davantage lorsque les températures baissent.
C'est l'intuition qui a guidé trois chercheurs du centre hospitalier de Valenciennes. A partir du mois de juin, Mehdi Mejdoubi, Xavier Kyndt et Mehdi Djennaoui ont travaillé sur cette hypothèse. Il s'agit de l'une des premières études en France.
Leurs premières conclusions ont été rendues à la fin du mois de novembre et publiées dans la revue scientique PLOS One : ils observent une corrélation entre la température ambiante et les cas de graves de Covid-19.
C'est à dire que plus la température diminue, plus les admissions en réanimation et les décès augmentent. Il s'agit alors d'une "corrélation négative". Les médecins observent un décalage entre la baisse des températures et les cas graves de 8 jours dans les services de réanimations et de 15 jours pour les décès.
Une corrélation, pas de causalité
Pour les chercheurs, ces conclusions plaident pour intégrer les données météorologiques dans la modélisation de l'épidémie. Toutefois, ils n'établissent qu'une corrélation, une relation entre des courbes de données qui évoluent ensemble.
Ils ne concluent pas à l'existence d'un lien de causalité entre la température et l'augmentation des formes graves de Covid-19. La diffusion et la sévérité du virus ont en effet des causes multiples.
Pour bâtir leur démonstration, les auteurs se sont appuyés sur les données de Santé Publique France pour la région Ile-de-France, choisie pour sa superficie réduite.
« Pour obtenir une puissance statistique, il nous fallait une zone restreinte géographiquement et avec suffisamment de cas », indique le Pr Mejdoubi au journal La Voix du Nord.
Les médecins se sont concentrés sur les cas graves, à savoir les personnes admises en réanimation et celles qui sont décédées à l'hôpital à partir du 31 mars 2020. Trois autres articles devraient être publiés par les chercheurs de Valenciennes au mois de janvier, selon La Voix du Nord.
Une analyse de plus en plus partagée
L'analyse des chercheurs valenciennois correspond à d'autres observations. Ainsi, Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'institut Pasteur et membre du Conseil scientifique observait en octobre sur France 5 que lorsqu'il y a eu "quatre jours de froid entre le 24 et le 27 septembre (...) le nombre de cas a augmenté de façon très, très brutale" une semaine plus tard.
Des observations très régulières sont aussi rapportées sur Twitter Guillaume Saint-Quentin, créateur du site Météo-Covid.
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— Guillaume Saint-Quentin - Météo Covid (@starjoin) December 7, 2020
Et si on parlait de Météo et de Covid ?
Voici un graphique comparant les températures moyennes et la moyenne des nouveaux cas Covid détectés.
➡️On voit bien la forte chute de température en septembre et l'accélération ensuite.
➡️C'est moins flagrant ces derniers jours pic.twitter.com/GEOj13Nrgp