L'intelligence artificielle au secours des urgences. L'hôpital de Valenciennes s'est doté d'un logiciel capable de prédire le flux de patients dans le service pour adapter les moyens en amont.
L'hôpital de Valenciennes fait le pari de prévoir l'imprévisible. En tout cas, de prévoir le nombre de patients qui vont se présenter aux urgences. Comment ? Grâce à un logiciel qui croise plusieurs données différentes : le nombre de patients reçus aux urgences depuis deux ans, la météo, le trafic routier et même des événements extérieurs qui peuvent augmenter le nombre de patients (des matchs de football, des manifestations...).
A la tête du service des urgences le Dr Antoine Maisonneuve consulte ce nouvel outil plusieurs fois par jour. " On surveille dans deux heures ce qu'il va arriver. Là on peut voir qu'entre 14 et 15 heures, on aura entre 15 et 20 patients qui seront admis au niveau des urgences", explique-t-il. Le logiciel lui indique le nombre de patients qui vont entrer et sortir de son service heure par heure. Taux de fiabilité 90%.
D'après le système, c'est entre 14 et 15 heures que le plus grand nombre de patients est attendu. Notre équipe vérifie.
A 14 heures, l'activité commence bien à s'intensifier. Les brancards se bousculent dans les couloirs. Les soignants s'activent.
Anticiper les besoins
L'intérêt du logiciel c'est aussi d'anticiper les besoins en matériel et en personnel. Sandrine Van Oost, cadre de santé au service des Urgences raconte : "On a environ 4 personnes physiques en plus du personnel qui aurait été normalement attribué à ce secteur." Quand on lui demande si ce n'était pas possible de le faire avant, elle répond :" c'était toujours après coup, on se rendait compte de l'activité et l'arrivée petit à petit du flux. Tandis que là, on est capable d'anticiper et de faire une meilleure répartition des ressources humaines."Mais prédire le flux de patients, n'a d'intérêt, selon certains médecins, que si tous les services s'équipent du logiciel.
"je pense que ce sera un bon outil quand ce sera du management de lits vraiment et que ce la nous permettra d'avoir dans les étages des lits d'aval, en fonction des flux prédits et des hospitalisations dans les services qui seront prédites", explique Dr Anne-Sophie Péru, médecin urgentiste.
Pas de données confidentielles
C'est au sous-sol de l'hôpital que les données des patients sont stockées, puis envoyées de façon cryptée à la société qui développe le logiciel. "les données, qui sont nécessaires à la mise au point de cet algorithme, sont des données dites de volumétrie mais en aucun cas liées au patient ou à sa pathologie, ou quoique ce soit de nominatif", justifie Frédéric André, directeur des systèmes d'information .L'intelligence artificielle doit permettre à l'hôpîtal de faire des économies en rationnalisant ses coûts. L'établissement déboursera plusieurs centaines de milliers d'euros chaque année, pour exploiter le logiciel.