Ancien joueur de Valenciennes, du RC Lens et de Lille, le Nordiste Bernard Chiarelli a disputé la Coupe du Monde 1958 en Suède avec Raymond Kopa. Un homme qu'il admirait.
Après l'annonce vendredi du décès de Raymond Kopa, Bernard Chiarelli, 83 ans, a accepté de nous recevoir chez lui à Trith-Saint-Léger (Nord). Cet ancien milieu de terrain a joué à Valenciennes, au RC Lens puis au LOSC. Il a surtout disputé la Coupe du Monde 1958 en Suède, avec Kopa, Fontaine et Piantoni. Un épopée glorieuse pour les tricolores qui finirent la compétition à la 3e place, après avoir été battu en demi-finale par le Brésil de Pelé au terme d'un match épique.
"Raymond, on dit que c'était une légende, c'était un génie", estime-t-il. "C'était le premier joueur en France qui a obtenu le Ballon d'Or. Il a été élu meilleur joueur de la Coupe du Monde 1958 alors que l'équipe de France, à cette époque-là... quand on est parti en Suède, beaucoup de gens nous disaient qu'on allait rester huit jours. Parce que c'est vrai que je me rappelle que lors du dernier match de préparation qu'on avait fait chez nous, on avait fait 1-0 contre la Suisse au Parc des Princes et on n'avait pas été transcendants. Raymond, qui était déjà au Real Madrid à cette époque-là, il nous amené... tout ! En dehors de toutes ses qualités de footballeur, sur le plan humain, c'était quelqu'un de formidable. On sentait qu'il avait toujours ce côté fils de mineur des gens du Nord avec nos valeurs. Des valeurs que nous, les gens du Nord, on a toujours eues et qui sont venus d'accoupler avec son génie. C'était un génie, c'était quelqu'un sur le terrain... il a permis au football français de retrouver tout ce qu'il avait perdu. Je me rappelle de la dernière Coupe du Monde de 1954 en Suisse, ça avait été une catastrophe. Et Raymond a apporté par son génie, sa classe sur le terrain, ce qui a fait que le footbal français a repris de sa valeur".
Lors de cette Coupe du Monde 1958, ils étaient cinq "ch'tis" en équipe de France : Raymond Kopa de Noeux-les-Mines, Bernard Chiarelli de Valenciennes, Maryan Wisniewski de Calonne-Ricouart (et joueur du RC Lens), Jean Vincent de Labeuvrière et Yvon Douis, joueur du LOSC. Ce qui a renforcé les liens de camaraderie entre équipiers.
"Kopa, un chien avec un chapeau qui l'arrêtait dans la rue, il discutait avec lui, il était copain avec lui", se souvient Bernard Chiarelli. "Il ne s'imaginait pas Raymond qu'il était quelqu'un dans le monde du football qui était une personnalité, un monstre. Il était resté Kopa, fils de mineurs, avec un doigt en moins. Il aimait nous raconter et nous faire voir son doigt en disant : "ça, c'est à la mine que j'ai eu le doigt coupé". Quand on discutait entre nous, quand on discutait de Kopa, on discutait bien sûr de ses qualités footballistiques mais aussi de son côté humain, de ce qu'il pouvait apporter humainement au groupe par sa camaraderie. Il est allé au Real, je me disais : "le Real, Puskas, Di Stefano, je vais lui dire bonjour monsieur". Mais quand il arrivait, il te mettait à l'aise : "ça va t'chiot ?". Ça, c'était Kopa".