L'inquiétude des syndicats de Jeumont Electric. L'équipementier, spécialisé dans les domaines du naval, du militaire ou encore du nucléaire, envisagerait de délocaliser une grande partie de sa production en Inde. Par ailleurs, un audit financier révèle des fragilités. Jeumont Electric emploie aujourd'hui 400 salariés.
"Une assemblée générale a eu lieu ce matin. On reporte la décision sur une éventuelle grève à la semaine prochaine, date à laquelle la direction a prévu d'annoncer une prime partage de la valeur (1). Mais on se demande vraiment si ce n'est pas pour noyer le poisson d'une éventuelle délocalisation. A quoi servirait une prime si on n'a plus d'emploi ?", interroge Ludovic Bouvier secrétaire CGT du Nord Pas-de-Calais.
Les syndicats de Jeumont Electric alertent. Selon eux en effet, la direction envisagerait de délocaliser une partie de sa production en Inde, celle du département Industrie. De plus, une expertise indépendante, réalisée à la demande de la CGT, révèle des fragilités financières.
Florian Brasseur, délégué CGT expliquait lundi 10 octobre : "Il y a vraiment un problème de gestion de l'entreprise. On a un savoir-faire énorme qu'on arrive plus à utiliser. On pousse les salariés à quitter l'entreprise. La mauvaise gestion fait que certains salariés abandonnent le navire".
Les résultats financiers ne sont pas bons selon un audit économique et social commandé en juin 2022 : ils s'effondraient de plus de 8 millions d'euros en 2019, mais la principale préoccupation des salariés serait la volonté de délocaliser en Inde une partie de l'outil de production.
Une filiale existe déjà là-bas. Des moteurs y sont déjà fabriqués et les salariés craignent que la direction se tourne davantage vers cette option. Ludovic Bouvier analysait lundi que : "L'Inde plombe l'ensemble des comptes de l'entreprise, puisque celle-ci a fait le choix de délocaliser là-bas des productions à haute valeur ajoutée que les Indiens ne sont capables de faire pour le moment"
(1) La prime pouvoir d'achat ou Macron a été renommée PPV pour "prime de partage de la valeur". Elle est reconduite pour 2022 et 2023. Elle est plafonnée à 3000 ou 6000 euros selon les cas.