Destructions et pillages de supermarchés, tirs de mortiers et incendies contre des bâtiments publics. Les scènes de chaos se sont multipliées à nouveau cette nuit à Lille, Tourcoing, Roubaix, Boulogne-sur-Mer, mais aussi Halluin.
Les importants déploiements de forces de l’ordre n’ont pas empêché les débordements extrêmes de se reproduire dans la nuit du jeudi 29 au vendredi 30 juin, y compris dans des communes jusque-là préservées.
C’est le cas à Halluin, où la mairie a été prise pour cible vers 23h30. Le maire, Jean-Christophe Destailleur, était encore très choqué ce matin : "Une soixantaine de jeunes ont attaqué la mairie avec une violence inouïe, armés de barres de fer et de mortiers en grande quantité. Nous n’avions que 6 policiers municipaux, qui ont été d’un courage absolu mais qui n’ont rien pu faire."
La salle des mariages, qui venait d’être totalement rénovée a été entièrement détruite par les flammes, le local technique a également été pris pour cible, des véhicules municipaux incendiés mais aussi de nombreuses voitures de particuliers ailleurs dans la commune. Le calme n’est revenu qu’à 4 heures du matin, après l’intervention d’importants renforts de gendarmerie. "J’ai extrêmement peur pour les nuits prochaines. Nous sommes très choqués. Halluin est une commune habituellement très tranquille", confie le maire.
A Hem, comme la nuit précédente, des tirs de mortiers ont rythmé les confrontations avec les forces de l'ordre.
"Ça ressemblait à une petite guerre quand même". Les fusées d’artifice et les flammes, ont ainsi agité la nuit dans de nombreuses villes de la métropole.
À Roubaix, le Colisée a été visé.
A Lille, c’est le quartier Montebello qui s’est embrasé plus tôt. Mons-en-Baroeul, déjà meurtrie la nuit de mercredi à jeudi, a une fois encore été visée par les émeutiers. Une résidente du quartier confie son angoisse : "Ça ressemblait à une petite guerre quand même, ça nous fait peur. Je suis à Mons-en-Barœul depuis 43 ans, mais je me sens en insécurité. Ça peut arriver à tout moment."
Le choc, la colère et la peur aussi
À Tourcoing, quartier de la Bourgogne, un immeuble a pris feu et a dû être évacué. Une habitante, qui réside au rez-de-chaussée de l’appartement en flamme, témoigne : "Les voisins ont prévenu mon petit frère que l’immeuble était évacué parce que le bloc était en train de brûler. C’est l’appartement de ma maman qui est décédée récemment… Il y a encore toutes ses affaires à l’intérieur, les photos, les souvenirs. Heureusement les pompiers sont intervenus assez vite".
La mairie de quartier de Wazemmes n'a pas été épargnée.
Ce vendredi 30 juin, Ilevia annonce la reprise progressive du trafic des bus interrompue la veille dès 20 heures pour des raisons de sécurité.
À Roubaix, dans le quartier de l'Alma, les bureaux de l'entreprise Tessi qui prépare, numérise et traite des chèques et documents administratifs ont flambé. L'arrière du bâtiment s'est effondré.
Face à cette entreprise, ce matin, une pelleteuse enlevait des restes de poubelles incendiées.
Non seulement les bureaux ont été détruits mais aussi des machines dont la valeur irait de 300 000 euros à un million d'euros. Cet ancien site de la Redoute avait été refait il y a un an. Le feu aurait été déclenché vers 1h00.
Bilan dans le Pas-de-Calais
La préfecture du Pas-de-Calais a tiré un bilan ce matin, de la nuit du 29 au 30 juin 2023. Cette nuit, 8 communes du département ont été touchées par des violences urbaines : Arras, Avion, Boulogne-sur-Mer (quartier du Chemin vert ou trois commerces ont été saccagés), Bruay-la-Buissière (feux de poubelles et regroupement d'une cinquantaine de jeunes en centre-ville), Calais (feux de poubelles), Carvin, Libercourt et Méricourt.
On a dénombré :
- 90 interventions des sapeurs-pompiers
- 17 incendies de véhicules
- 25 feux de poubelles
- 2 dégradations d’immeubles
- 7 dégradations ou pillages de commerces
À Bruay-la Buissière, le maire Ludovic Pajot, que nous avons joint ce matin, explique qu'il y a eu 5-6 feux de poubelles, du vandalisme en centre-ville et un regroupement d'une cinquantaine de jeunes, face aux forces de l'ordre hier soir. Le maire en a profité pour appeler au calme et demander des mesures nationales pour que cessent ces nuits de violence.
Dans le Nord et le Pas-de-Calais, le bilan fait état de 62 interpellations et de 34 policiers blessés.