Avant de se consacrer exclusivement à la politique, Fabien Roussel, député communiste du Nord et candidat du PCF à l'élection présidentielle, a mené une courte carrière de journaliste. Et notamment à France 3 Lorraine-Champagne-Ardenne. Nous avons retrouvé des archives auprès de l'INA.
Fabien Roussel s'intéresse aujourd'hui au destin de la France, au point de postuler pour la présider. Mais à la fin des années 1990, il se penchait plutôt sur ce qu'il se passait au bout de la rue. C'était d'ailleurs le nom de l'émission diffusée sur France 3 Lorraine et France 3 Champagne-Ardenne avec laquelle il a collaboré entre 1995 et 1996 en tant que journaliste. Né en 1969 à Béthune, il avait alors un peu plus de 25 ans.
A l'époque, Au bout de la rue était un programme télévisuel d'environ une heure, diffusé le samedi après-midi sur les deux antennes régionales de France 3, consacré à une zone géographique hyper locale en Lorraine et en Champagne-Ardenne. Le but ? Mettre en valeur les savoir-faire du territoire en faisant par exemple le portrait d'artisans ou de figures locales. "On faisait du Jean-Pierre Pernaut, mais sur France 3", se souvient Alexandre Schabel, le présentateur de l'émission. Selon lui, l'audience de l'émission était très importante, atteignant plus de 40% de parts de marché.
"J'ai de cette période d'excellents souvenirs", commente Fabien Roussel que nous avons joint à ce propos. "J'ai découvert une région que je ne connaissais pas et que j'ai adorée", se souvient-il en citant les spécialités culinaires locales comme les pieds de porc et la Mirabelle de Lorraine.
En arrivant à France 3, Fabien Roussel est fort d'une formation de journaliste reporter d'images suivie au Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ). Mais aussi de ses expériences de journaliste indépendant, métier qu'il exerce pendant plusieurs mois avant de travailler pour le service public. "Je bourlinguais pas mal dans le monde. Mais je suis devenu père de deux jumeaux et j'ai dû arrêter de vivre d'amour et d'eau fraîche", raconte-t-il.
Pour Au bout de la rue, il passe devant la caméra. C'est désormais sa voix que l'on entend sur les images. Sur l'heure d'émission, plusieurs reportages étaient diffusés et Fabien Roussel était l'un des journalistes qui les imaginaient, puis les tournaient sur le terrain avec une équipe (éclairagiste, caméraman, preneur de son). Ici, il va visiter Le Valtin, un petit village des Vosges touché par l'exode des jeunes et dresse le portrait de ses habitants. Là, il raconte la commune de Phalsbourg, en Moselle, à la façon d'une carte postale. A travers ses reportages se dessine une France rurale, fière de son territoire.
Il avait une belle gueule et tout le monde le poussait à faire de la présentation. Lui-même avait des velléités pour se montrer.
Franck Gaillet, Responsable d'édition "Au bout de la rue"
"Il a fait partie de l'équipe d'Au bout de la rue pendant environ deux ans, en tant que pigiste", fouille Alexandre Schabel dans ses souvenirs. Il décrit un garçon "enjoué, très souriant et qui nous faisait rire". Cette "grande gueule investie dans son travail" faisait transpirer ses convictions politiques dans le choix de ses reportages. "Il avait une fibre sociale et il était marqué par les luttes sociales", selon son ancien collègue.
"Cela ne le dérangeait pas d'aller faire des reportages dans la campagne profonde, il était très à l'aise dans les rapports humains et très empathique", abonde Franck Gaillet, alors responsable d'édition d'Au bout de la rue. "Il avait une belle gueule et tout le monde le poussait à faire de la présentation. Lui-même avait des velléités pour se montrer", continue-t-il.
D'ailleurs, dans l'un de ses reportages pour France 3, Fabien Roussel se met en scène. Pastichant les films policiers, il prend les habits de l'inspecteur, trench au col relevé et clope au bec, venu enquêter sur un petit média local à Cocheren (Moselle). "J'étais là pour en savoir plus, ruer dans les brancards et jouer du bourre-pif", formule-t-il dans ce reportage à la première personne.
En 1997, après l'arrêt d'Au bout de la rue, il part au Vietnam pour faire un reportage pour le compte d'une boite de production. "J'en ai également fait un aux îles Kerguelen qui a été diffusé sur Thalassa (un ancien programme de France 3, ndlr)", raconte-t-il, comme élément marquant de sa carrière. Pour illustrer cette partie de sa vie, il avait posté en juin 2021 une photo de lui au Vietnam, caméra à l'épaule, à l'arrière d'une moto conduite par son père.
Quelques mois auparavant, il avait rappelé son passé de journaliste à la télévision publique, en dénonçant sur Twitter l'arrestation de l'un de ses anciens collègues.
"J'étais passionné par l'image et par l'information. Encore aujourd'hui j'adore faire des photos", confie-t-il en précisant qu'il aurait continué le métier s'il n'était entré dans la vie politique. Car, finalement, sa carrière de journaliste prend fin en juin 1997, lorsqu'il devient conseiller de Michelle Demessine, alors nommée secrétaire d'Etat au Tourisme dans le gouvernement de Lionel Jospin.
Que propose Fabien Roussel pour les médias ?
Le programme du parti communiste concernant les médias s'articule autour de deux propositions :
- la première est de faire voter une loi pour lutter contre la concentration des médias : "il s’agit de libérer l’information et la diffusion de la culture de l’emprise des logiques financières et de la dictature insidieuse de l’audimat", est-il écrit, entre autres, dans son programme
- la seconde juge nécessaire de fonder un Conseil national des médias : "il sera composé d’élu·e·s, de représentant·e·s des professionnel·le·s du secteur, et d’usager·e·s et veillera au respect de la liberté d’information dans le pays", promet Roussel.