Après une journée passée à Ajaccio, le candidat communiste à la prochaine élection présidentielle était à Bastia, ce jeudi 10 février. L'occasion pour Fabien Roussel de continuer à détailler son programme, à la rencontre notamment de dockers, postiers, et personnels de l'Education nationale.
Le choix du lieu était "symbolique", assure Fabien Roussel, veste costard bleue sur les épaules et grand sourire aux lèvres.
Parti tôt dans la matinée d'Ajaccio, et après un rapide arrêt à Patrimonio, pour visiter le domaine du Clos Marfisi, le candidat communiste à l'élection présidentielle a donné rendez-vous à ses soutiens pour une conférence de presse, tenue sur la terrasse du restaurant le Marina, à Bastia, à quelques mètres de l'entrée du port de commerce. Une rencontre annoncée à 11h, démarrée avec quelques minutes de retard, et à laquelle ont pris part une trentaine de personnes.
"Ce restaurant, j'y suis déjà venu cet été. Et c'est tout un symbole pour moi de revenir ici, dans cet établissement de convivialité, où l'on peut manger et boire des coups. Parce que la France des jours heureux, c'est aussi celle où l'on peut renouer avec les plaisirs du quotidien parce qu'on en a les moyens, parce qu'on a assez de pouvoir d'achat !"
Partage des richesses, hausse du pouvoir d'achat
Pour sa deuxième et dernière journée de déplacement en Corse, Fabien Roussel s'est une nouvelle fois attelé à détailler son programme. Répondant aux questions de la presse, le candidat est notamment revenu sur ses propositions pour un "meilleur" partage des richesses : "En France, l'argent coule à flots pour une minorité. On a vu tous les cadeaux fiscaux qui ont été faits aux plus riches de ce pays, aux multinationales, qui paient moins d'impôts qu'une petite PME. Ce que je veux, c'est que les richesses que nous produisons retournent vers ceux qui les produisent, vers le monde du travail. Notre pays est riche, le PIB de la France a multiplié par 6 en l'espace de 60 ans, je souhaite pouvoir remettre la main sur ces richesses pour qu'elles bénéficient à tout le monde."
Autre point abordé, la hausse des prix de l'énergie, avec une encartée spécifique consacrée à la flambée du coût du carburant. "Je ne trouve pas cela acceptable qu'ici, en Corse, l'essence soit encore plus chère que sur le continent où elle est déjà très chère. Mais quelle mauvaise fée a frappé la Corse pour qu'à ce point les automobilistes corses soient tapés dans leur porte-monnaie ?"
Et pourtant, insiste le candidat, des mesures ont bien été prises. "L'Etat a prévu une baisse de la TVA sur le prix de l'essence. L'Etat a mis 200 millions sur la table pour compenser cette baisse de la TVA. Alors je pose la question : où est l'argent ? Et j'aimerais bien que l'enquête de la DGCCRF [Direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes] qui est en train d'être menée aujourd'hui, fasse toute la transparence pour savoir comment il se fait qu'ici l'essence soit plus chère malgré ces dispositifs."
Fabien Roussel s'est également brièvement arrêté sur la question des détenus particulièrement surveillés du commando Erignac. Lui le dit clairement : il est pour leur rapprochement, et s'est d'ailleurs déjà prononcé sur le sujet, au côté de "l'ensemble des députés et sénateurs communistes". "Il faut qu'ils puissent purger leur peine plus près de leur famille, sans jamais oublier le crime qu'ils ont commis."
Raviver la flamme communiste
En terrasse du Marina, ce jeudi matin, face au candidat, un public composé en large majorité militants régionaux du parti communiste Français, et tout acquis à son discours. "Il est très sympathique, et je me retrouve dans ses idées", glisse ce retraité, attablé avec plusieurs amis.
Lui qui regrette ne pas avoir eu de candidat communiste à l'élection présidentielle de 2017, "on a complètement disparu en choisissant de rallier Mélenchon, qui englobe plus qu'il n'est pour le rassemblement", espère "la revanche" de son parti "de coeur" au prochain scrutin.
Et bien que Fabien Roussel ne soit crédité que de 3% dans le dernier sondage Ifop-Fiducial (10 février), le militant veut croire à un beau score pour ce prochain scrutin : "Idéalement, on voudrait les 100%, plaisante-t-il. Réalistement, on se dit que 10%, ce serait super".
"En menant la plus belle des campagnes, en renouant avec l'espoir", il sera possible de raviver le vote communiste, tranche Fabien Roussel. "Moi, j'en ai marre des discours déprimants, des discours où on va encore demander des efforts aux Français. Les Français, ils ont fait beaucoup d'efforts. Les Corses, on leur demande beaucoup d'efforts. Et bien je dis basta : on veut des jours heureux, on veut des réformes heureuses. L'espoir il est là, et on le regagne en votant pour la France des jours heureux que je défends."
Juste le temps d'une pause repas, et la délégation du candidat communiste se remet en route pour le port de commerce. Là, l'y attend plusieurs dockers, marins et agents portuaires, pour un meeting en petit comité.
"Le parti communiste, de tout temps pour les dockers, a été une vraie force d'appoint", reconnaît Auguste Bartoli, délégué CGT Dockers. "Nous, depuis 4 ans, nous avons décidé de prendre notre destin en main et créer notre coopérative, constituer notre Scop [Société coopérative et participative, ndlr]. Aujourd'hui, c'est notre outil de travail et nous le gérons. Ce n'est pas le plus facile, mais cela nous a permis d'embaucher 15 jeunes en CDI depuis le 1er janvier. Ce que nous essayons de mettre en pratique dans notre Scop, j'espère que c'est ce que vous prônez à plus large échelle dans votre programme."
Après une heure de discussion, le candidat s'est enfin rendu à l'espace d'éducation populaire, rue César Campichi, pour une dernière rencontre, avec des postiers et personnels de l'Education national. Un bref arrêt avant de repartir sur le continent. "Deux jours en Corse, c'est super, beaucoup m'envient sur le continent, sourit Fabien Roussel. On reviendra tant que possible..."