Villeneuve-d'Ascq : le groupe Boiron se mobilise contre la fin du remboursement de l'homéopathie

Le projet de déremboursement des médicaments homéopathiques inquiète la direction du groupe Boiron, principal fabricant français, implanté de longue date dans les Hauts-de-France.

Anabelle Flory-Boiron, directrice du groupe Boiron, est venue faire le tour du propriétaire, à l'occasion mercredi de l'inauguration officielle du nouveau site de Villeneuve-d'Ascq regroupant 85 salariés. Mais le contexte est morose pour le principal fabricant français de "médicaments homéopéthiques", inquiet de la fin annoncée du remboursement de ses traitements par la Sécurité sociale.

"Aujourd'hui, c'est un tiers des médecins généralistes en France qui prescrivent quotidiennement des médicaments homéopathique", souligne Mme Flory-Boiron, petite-fille du fondateur des laboratoires Boiron. "Donc clairement, ils se sentent aussi attaqués dans leur pratique, puisqu'ils constatent, eux, dans la vraie vie, l'efficacité des médicaments homépathiques sur leurs patients. Ils souhaitent pouvoir continuer. Les sages-femmes également". 

 


Selon un récent sondage, 77% des français auraient déjà eu recours à l'homéopathie. Lancée il y a quelques semaines, une pétition sur internet a déjà receuillie plus de 500 000 signatures contre le déremboursement de l'homéopathie, un projet qui, selon la direction des laboratoires Boiron, coûterait un millier d'emplois à la profession.

"On est convaincu de ce qu'on fait, de la qualité de nos médicaments", clame Jean-François Dicque, directeur de Boiron-Villeneuve d'Ascq. "On est traité comme n'importe quel laboratoire pharmaceutique, on est inspecté régulièrement. On fait du médicament pas des bonbons, comme certaines personnes s'amusent à le dire sur certains réseaux sociaux".  
 

126,8 millions d'euros remboursés en 2018


Le remboursement des "médicaments homéopathiques" a coûté 126,8 millions d'euros l'an dernier à la Sécurité sociale, un montant en baisse de plus de 2% par rapport à 2017. La Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) précise que cette somme correspond au total des remboursements pour "tous (les) régimes" de sécurité sociale, sur la "France entière" et inclut les "honoraires de dispensation" versés aux pharmaciens.

En 2017, la Sécu avait remboursé 129,6 millions d'euros pour les "médicaments homéopathiques", cette catégorie de traitements regroupant les "spécialités" à nom de marque produites par les laboratoires et les "préparations magistrales" réalisées en pharmacie. Inscrits au remboursement depuis 1984, ces produits ont longtemps été remboursés à 65% par la Sécu, jusqu'à ce que le taux soit abaissé à 35% en 2003, puis 30% en 2011. Le solde est parfois pris en charge par les complémentaires santé.

Controversée au sein du corps médical, l'homéopathie est l'objet d'une vive polémique depuis plus d'un an et la parution dans Le Figaro d'une tribune au vitriol signée par 124 praticiens. "L’homéopathie, comme les autres “médecines alternatives”, n’est en rien scientifique", affirmait le texte selon lequel "ces pratiques sont basées sur des croyances promettant une guérison miraculeuse et sans risques" et "les thérapies dites "alternatives" sont inefficaces au-delà de l’effet placebo".

La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait ensuite saisi la Haute autorité de santé (HAS) pour connaître son avis "quant au bien-fondé" du remboursement. La semaine dernière, la Commission de transparence de la HAS a émis une recommandation "défavorable" au maintien du remboursement des produits homéopathiques. La procédure n'est cependant pas terminée et la HAS doit encore rendre un avis définitif à Mme Buzyn, qui s'est "engagée à suivre les recommandations" de cette institution.
 
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