Basé à Villeneuve d'Ascq, le grand stade Pierre Mauroy devrait prochainement changer de nom. L'enseigne nordiste Decathlon affiche ses ambitions dans le monde du foot, et supplante le nom de l'ancien maire de Lille, pas un grand fan du ballon rond.
C'est un nouveau pas de côté du groupe Mulliez pour étendre son empire, cette fois sur les terrains de foot. Selon nos confrères de France Bleu, la métropole de Lille (MEL) a conclu un accord avec l'enseigne Decathlon pour apposer le nom de Decathlon Arena sur le stade Pierre Mauroy, en échange d'un investissement de six millions d'euros sur cinq ans.
Un "naming" prévu dès l'origine pour alléger la facture
Cette pratique, qui consiste à donner le nom d'un sponsor a une enceinte sportive s'appelle le naming. Importée des Etats-Unis, critiquée pour son mercantilisme, elle n'est pas nouvelle : déjà, en 1926, Wrigley Field, industriel ayant fait fortune dans le chewing-gum, dépense une somme rondelette pour apposer son nom à l'ancien Cubs Park, le stade de baseball de Chicago. A savoir : le nom de Pierre Mauroy ne disparaîtra pas complètement et restera apposé sous l'enseigne "Decathlon Arena".
Le débat sur le bien-fondé d'une politique commerciale de cette agressivité peut durer longtemps, mais celui sur l'atteinte à la mémoire de Pierre Mauroy a été d'emblée désamorcées par les connaisseurs de l'histoire locale. En effet, l'ancien maire de Lille n'était pas vraiment un fan du ballon rond, et était d'ailleurs opposé à la construction du Grand Stade, à qui il avait toujours préféré un projet plus modeste. "Le Losc aura un grand stade quand il sera un grand club" grinçait-il même à l'époque.
Le grand stade qui a tout de même vu le jour devait, dès l'origine, faire l'objet d'un accord de naming, censé alléger la facture de 3,3 millions d'euros. Le groupe de casinos Partouche devait assurer ce rôle, mais son offre avait finalement été jugée insuffisante. Le nom de Pierre Mauroy avait donc finalement été apposé au stade, malgré l'incohérence entre l'homme et l'hommage.
Decathlon s'impose sur les terrains de foot
L'arrivée de Decathlon dans l'équation n'est, elle, pas surprenante. Début mai, la marque nordiste sponsorise plusieurs dizaines d'athlètes pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, à Paris. Plus récemment encore, Kipsta, marque de l'enseigne, est devenue le nouveau fournisseur de ballons pour la Ligue de Football Professionnelle (LFP), et donc des tous les matchs de Ligue 1. Les six millions d'euros à aligner en 5 ans pour cette opération publicitaire est une bagatelle dans les comptes de la famille Mulliez. En 2021, la seule enseigne Decathlon a affiché un chiffre d'affaires de 13.8 milliards d'euros. Elle a aussi connu, cette année-là, la toute première grève nationale de son histoire, pour avoir refusé de généraliser la hausse du SMIC.
La signature définitive de l'accord pour le nouveau nom du futur stade "Decathlon Arena" devrait se dérouler le 27 juin. Decathlon a confirmé "des négociations en cours", se refusant à donner plus d'informations pour le moment.