Le maternage proximal est une recommandation phare des spécialistes en neurosciences. Le zéro séparation, le peau à peau, le cododo, le portage sont des techniques encouragées par les professionnels de santé. Les nouveaux parents les pratiquent sans culpabiliser.
On vous parle de l’importance de l’attachement entre le bébé et ses parents. L’idée est de séparer le moins possible les parents de leur enfant les deux premières années de vie. De quoi déculpabiliser les parents à qui ont dit : "Laisse pleurer bébé, cela lui fera les poumons !" Ou encore "Ne le porte pas autant, tu vas en faire un enfant roi !"
Une étude amiénoise prône "le zéro séparation"
Barbara Le Driant, maître de conférences en psychologie du développement à l’université de Picardie Jules Verne, en est arrivée à cette conclusion forte en suivant des enfants à long terme. Cela lui paraît fondamental "de favoriser, autant que possible, le 'zéro séparation' afin de respecter au mieux la niche sensorielle et affective de l'enfant dès sa naissance."
Marine Manard, psychologue belge en neurosciences, est du même avis : "Cette proximité parents/enfants dès la naissance devrait être systématique, car cela a beaucoup de bienfaits pour le bébé et aussi pour la maman pour diminuer d'éventuels symptômes de dépression du post-partum, moins présents selon les études, chez les mamans qui ont pu tenir leur bébé contre elle en peau à peau et chez celles qui ont allaité."
L'évolution des pratiques en maternité
Dans les années 80, les pouponnières étaient la norme. Votre bébé allait bien et pourtant vous ne le gardiez pas dans votre chambre la nuit. Aujourd’hui, c’est devenu une exception, mais être séparée de son bébé peut quand même arriver pour des raisons de manque de moyens. Par exemple, si vous accouchez dans une maternité de niveau 2, il peut arriver que votre bébé soit transféré en urgences dans une maternité de niveau 3 et que vous soyez donc séparée durant plusieurs heures voire plus d’une journée, car il n’y a pas assez de chambres parents/enfants disponibles là où est transféré votre nourrisson. Imaginez la détresse psychologique que peut ressentir la maman !
Pour tisser le lien, ce n'est pas évident. Même pour le papa, ça a été compliqué.
Amélie, maman d'un petit garçon hospitalisé en néonatologie quelques jours après sa naissance.
La prise en charge s'améliore depuis quelques années. Si l'on regarde le département de la Somme, au CHU d’Amiens, il y a huit chambres parents/enfants sur 35. À la clinique Pauchet, on compte trois chambres parentales, trois chambres mère/enfant et deux chambres de surveillance rapprochée mère/enfant.
Quand votre bébé doit aller au service réanimation, les choses se compliquent. Les parents n’ont pas de lit pour rester auprès de leur bébé.
En 2015, deux jours après sa naissance, le petit garçon d'Amélie a été hospitalisé en néonatologie à Abbeville. "Je ne pouvais pas me lever comme je le voulais. Les filles en néonatologie m'appelaient quand il se réveillait et quand il avait faim. Pour tisser le lien, ce n'est pas évident. Même pour le papa, ça a été compliqué. Et pour les grands-parents aussi", ajoute-t-elle.
Depuis, la direction de l’hôpital d’Abbeville va installer un dispositif de cordon ombilical virtuel grâce au soutien de l'association Kiwanis autrement dit des caméras pour que les mères qui viennent d’accoucher puissent voir leur bébé.
Le documentaire les 1 000 premiers jours
Dans le documentaire, Les 1 000 premiers jours diffusé sur France 2 en 2023, des familles sont filmées au sein de la maison des parents à Arras. Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et trois autres spécialistes de la petite enfance observent les enfants, donnent des conseils avec bienveillance. Ils confirment que la stabilité affective est le grand pilier des deux premières années de vie de l’enfant.
Boris Cyrulnik milite d'ailleurs pour l’allongement du congé maternité et du congé paternité, car la présence du coparent au quotidien est aussi importante que celle de la maman. Pour Marine Manard, spécialiste en neurosciences, "Les études viennent suggérer qu'un enfant qui a une base sécuritaire au niveau de l'attachement va pouvoir explorer plus facilement, car il sait que le parent va répondre à ses besoins s'il a un problème. Il va devenir autonome plus rapidement contrairement aux idées reçues."
Une charte distribuée dans 490 services de néonatologie
Le 17 novembre 2021, à l’occasion de la journée mondiale de la prématurité, l’association SOS Préma, la Société française de néonatalogie et Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles, ont dévoilé la Charte du nouveau-né hospitalisé. Elle a été diffusée dans 490 services de néonatalogie en France. La 7e recommandation est intéressante. Elle informe les soignants qu'il faut laisser les parents participer aux soins avec l’accompagnement des professionnels de santé. Une maman témoigne : "J'espère que cette charte va vraiment changer les pratiques des professionnels de santé ! Lorsque mon fils a été hospitalisé en néonatologie pour une infection en 2020, la puéricultrice a voulu m’empêcher de rester auprès de mon fils pendant ses soins, car elle craignait que je ne reste pas calme."
Pour en savoir plus, retrouvez ci-dessus le replay de l'émission Hauts Féminin, présentée par Marie Sicaud et Christelle Juteau-Lermechin, et tous les autres épisodes sur france.tv.