Comme 7000 Français chaque année, Pauline et Bastien, Aude, Keshia et Pascal ou Adeline ont perdu un enfant avant même qu’il ne voie le monde. Des enfants « partis avant la vie » qui laissent les parents désemparés. L’association « Nos tout-petits » les aident dans ce deuil périnatal.*
"Partir avant la vie" - revoir le film dans son intégralité pendant 30 jours
Les paroles d'une bénévole de "Nos tout-petits" à propos du documentaire "Partir avant la vie"
"Ce documentaire de Réjane Varrod, réalisatrice et elle-même maman endeuillée a été réalisé en suivant l'accompagnement de parents par l'association Nos tout-petits où je suis bénévole. Il montrera comment j'ai pu me relever après le décès de mes garçons, grâce à cette association qui donne la possibilité de libérer la parole sur le sujet et comment j'aide aujourd'hui à mon tour d'autres parents en animant les groupes de parole. Alors si vous voulez comprendre un peu ce chemin de deuil, pourquoi je suis bénévole aujourd'hui et pourquoi il est si important d'en parler sans tabou, je vous invite à être devant votre écran de télé lundi 29 à 22h55 sur France 3 pour regarder ce film documentaire." (Stéphanie Lecocq)
"Nous allons devoir l'interner en psychiatrie"
Un homme qui demandait aux médecins et sage-femmes d’amener son enfant - décédé à la naissance - à la maman qui le réclamait à corps et à cris s’est vu répondre : « Monsieur, il faut la calmer. Si elle insiste nous serons dans l’obligation de la transférer en psychiatrie ».
Une réponse digne du Moyen-Age. Elle ne remonte pourtant qu’à la fin des années 1990.
Une époque où Maryse Dumoulin, médecin en santé publique dans les maternités du CHU de Lille prépare sa thèse sur la mortalité infantile. Elle constate que les statistiques hospitalières ne correspondent pas à celles de l’état-civil. Nés et décédés avant huit mois de grossesse, les bébés n’ont laissé de trace que dans le cœur de leurs parents. Au long des rencontres avec les familles, Maryse fait également face aux nombreuses séquelles psychologiques sur les parents, les fratries et l’entourage.
Un drame qu’il fallait cacher, oublier, nier. Pour la médecine, l'enfant n’a pas existé, n’a pas vécu, n'a pas respiré. Les parents sont en état de sidération. L’entourage familial ou amical est quant à lui démuni et peine à trouver les mots de consolation justes. Pour l’administration, ces petits êtres tant idéalisés par leurs parents n’ayant pas existé ils ne seront pas enterrés – sauf à avoir vécu quelques jours.
Quand le bénévolat fait loi
L’équipe du docteur Dumoulin imagine et déploie un protocole d’accompagnement des parents qui va rapidement aboutir à une reconnaissance légale de ces derniers. Des parents reconnaissants se proposent à leur tour de partager leur expérience avec d’autres couples confrontés au deuil périnatal, l’association s’impose afin qu’ils soient formés et associés aux équipes soignantes.
Après tout, qui d’autre qu’un parent en deuil peut comprendre un autre parent en deuil ? Toute l’empathie du monde est insuffisante à comprendre si l’on n’a pas ressenti ce vide intense sur lequel il est impossible de mettre un nom. Un enfant sans parents est orphelin mais la langue française elle-même n’a pas nommé l’inverse.
Le premier groupe de parole est ouvert en 2001. Tous les bénévoles ont vécu un deuil périnatal. C’est pour eux un moyen de sublimer l’enfant, de lui rendre hommage et de donner un sens au drame.
De la date anniversaire à Noël, les dates clés qui ravivent la douleur sont commémorées par des cartes de vœux, des cadeaux, des partages à Noël, la fête des pères/mères. Sans oublier les bénévoles qui tricotent ou cousent des pyjamas pour habiller avec amour les bébés, les laissant ainsi partir dignement.
Aujourd’hui, « Nos tout-petits » a essaimé son modèle nordiste et des antennes ont ouvert à Nice, en Savoie, en Lorraine et à la Réunion.
Nos tout-petits - site officiel
"La naissance oubliée"
Dans le cadre de "La France en vrai", la case documentaire régionale, France 3 Hauts-de-France vous propose d'aller à la rencontre des parents en deuil et des bénévoles qui les accompagnent. Ce film est le prolongement de l’histoire de la réalisatrice, Réjane Varrod, elle-même touchée par la perte de son bébé. Un échec médical mais rien de plus – ou presque - pour les soignants de l'époque.
Pour exorciser sa douleur, comprendre cette négation de son enfant, elle réalise un premier film, « La naissance oubliée ». Une vingtaine d’années plus tard, la situation a évolué. Doucement. Le plus souvent sous l’impulsion d’associations comme celle fondée à Lille par Maryse Dumoulin.
Les grands témoins de ce film ont trouvé un soutien au sein de l’association. Des témoignages douloureux mais indispensables pour faire progresser l’accompagnement de ce deuil particulier par l’entourage médical, familial et amical.
"Partir avant la vie" - A voir le lundi 29 mars 2021 à Replay disponible 30 jours
Réalisation : Réjane Varrod. Une coproduction 10.7 Productions et France 3 Hauts-de-France
*Deuil périnatal : perte d’un enfant survenant entre la 22ème semaine d’aménorrhée (ou quand le fœtus a atteint un poids minimum de 500 grammes) et le 7e jour de vie (O.M.S.)