De nouveaux documents publiés au registre du commerce du Luxembourg indiquent que Gérard Lopez a procédé début juin à une nouvelle levée de fonds pour le compte du LOSC, via Lux Royalty, l'une des holdings du club domiciliée dans le Duché. Il s'agit d'un emprunt obligataire.
Ce sont nos confrères du Luxemburger Wort qui l'annoncent ce jeudi : Gérard Lopez, président et propriétaire du LOSC, a procédé "autour du 2 juin" à une nouvelle levée de fonds, par l'emprunt, via une émission d'obligations effectuée par Lux Royalty, holding luxembourgeoise du club nordiste. C'est ce qu'indique une refonte des statuts de cette société, parue mercredi au registre du commerce du Duché.
Le document, que nous avons pu consulter, ne précise ni le montant de cette levée de fonds, ni le nom du ou des créanciers. L'entourage de Gérard Lopez a toutefois répondu au Luxemburger Wort que le LOSC "dispose aujourd'hui d'une enveloppe d'investissement comprise entre 140 et 160 millions d'euros, dont les trois quarts de ce montant proviennent d'une ligne de crédit ouverte au niveau de la holding." Le créancier serait "un fonds très proche" de l'homme d'affaires hispano-luxembourgeois, propriétaire du club nordiste depuis le 25 janvier dernier. L'entourage de Gérard Lopez ajoute que le LOSC "pourrait dans les mois ou années à venir proposer à un partenaire stratégique d'entrer au capital du club, si les ambitions et le projet de ce partenaire vont dans le même sens que le projet du LOSC."
Des obligations déjà émises en janvier et mai
Une obligation est une valeur mobilière qui constitue une dette financière pour celui qui l'émet. Il s'agit d'un contrat entre l'émetteur-emprunteur et le détenteur-créancier de ce titre. Elle rapporte à celui qui l'achète un taux d'intérêt fixe, appelé coupon obligataire, versé chaque année par l'emprunteur. C'est en celà qu'elle est souvent considérée comme moins risquée qu'un achat d'actions dont la rémunération dépend des profits réalisés par la société et ses filiales et des dividendes versés. Contrairement à une action, le rendement d'une obligation est connu d'avance.
L'emprunt obligataire effectué début juin par Lux Royalty n'est pas le premier. Les nouveaux statuts de la holding luxembourgeoise du LOSC indiquent que "des obligations" ont également été "émises par la société" le 26 janvier 2017 (au lendemain du "closing" de la vente) et le 22 mai.
Création d'un "conseil de gérance"
Ces emprunts obligataires ont une incidence sur la gouvernance de cette société luxembourgeoise qui contrôle le LOSC. Jusqu'ici, elle était gérée par deux hommes : Gérard Lopez et un autre financier luxembourgeois, Claude Zimmer, également administrateur des Dogues. Désormais, elle dispose d'un "conseil de gérance" où est entré un troisième homme. Il s'agit de Pierre Claudel, un Français travaillant au Luxembourg pour Intertrust, une fiduciaire (société spécialisée dans les services financiers).
Les pouvoirs de ce nouveau gérant ne sont pas négligeables, puisque selon l'article 13 de nouveaux statuts, "jusqu'au plus tôt du Remboursement obligataire A-2 (obligations émises début juin NDR) ou de la Cession Obligataire (obligations émises en janvier et en mai NDR)", certaines décisions du conseil de gérance nécessitent son "vote positif favorable". Parmi elles, "la conclusion et/ou la modification de tout contrat de service entre la Société (Lux Royalty NDR) et LOSC Lille SA et de tout contrat de prêt entre la Société (Lux Royalty NDR) et LOSC Lille SA".
Sollicitée par courriel, la direction du LOSC n'a pas souhaité répondre à nos questions sur les implications, pour le club, de ces emprunts obligataires et de la nouvelle gouvernance mise en place au sein de la holding. Jusqu'à présent, Gérard Lopez avait toujours démenti avoir eu recours à l'emprunt pour racheter et financer les activités du club nordiste. Le 21 juin dernier, la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG), "gendarme" financier du football français, a validé le budget de Lille pour la prochaine saison, après avoir exigé certains documents de la part de son propriétaire. Selon le magazine économique luxembourgeois Paperjam, il s'agissait d'une garantie de blocage des fonds signée par Gérard Lopez.