Le réalisateur belge Lucas Belvaux a dénoncé mercredi un acte "politique" après la "déprogrammation" de "Chez nous", son film inspiré du Front national, d'un cinéma de Saint-Cloud, une accusation rejetée par le maire LR de cette ville, Eric Berdoati.
"C'est gênant, car c'est un acte politique", a réagi Lucas Belvaux, à propos de ce qu'il considère avec sa société de distribution "Le Pacte" comme une "déprogrammation". "A la demande de la mairie de Saint-Cloud, le cinéma municipal Les Trois Pierrots a décidé de déprogrammer le film "Chez nous" de la ville", affirme le communiqué du distributeur.
Une accusation fermement démentie par M. Berdoati qui s'est dit "scandalisé" par cette allégation, dans un communiqué cité par Le Figaro. Il a notamment argué que la programmation du cinéma Les Trois Pierrots "ne relevait pas du maire mais de professionnels qui en ont la responsabilité".
Contacté par l'AFP, le GPCI (Groupement de Programmation des Cinémas Indépendants), qui assure la programmation d'une centaine de cinémas en France, dont Les Trois Pierrots, a confirmé les dires de M. Berdoati et réfuté "toute idée de déprogrammation".
"A ma connaissance, jamais une déprogrammation n'a été faite en France après une critique"
"Le film n'a pas été déprogrammé pour la simple et bonne raison qu'il n'a pas été programmé, ni affiché, ni annoncé. Il n'a simplement pas été retenu dans la programmation du mois", a déclaré le directeur du GPCI Charles Vintrou. M. Vintrou a nié "toute censure ou intervention du maire Eric Berdoati". "C'est une décision artistique mais pas politique", a-t-il appuyé. Dans son communiqué, le maire de Saint-Cloud avait avancé qu'une critique négative du film dans Les Cahiers du Cinéma a influencé le programmateur dans son choix de ne pas retenir ce long métrage."A ma connaissance, jamais une déprogrammation n'a été faite en France après une critique, par ailleurs pas si négative. La défense de M. Berdoati est absurde", a jugé le cinéaste.
"Chez nous", qui raconte la campagne pour les municipales d'un parti clairement inspiré du Front national, doit sortir mercredi prochain dans quelque 280 salles en France. Un chiffre qui sera arrêté lundi soir, alors que Lucas Belvaux évoque "des difficultés de programmation rencontrées dans des municipalités du sud-est, là où le Front National est fort". "Ce n'est pas lié à la qualité du film", a insisté le réalisateur belge qui a affirmé que "pour l'heure aucune autre déprogrammation n'était à déplorer".