Le procès du général Christian Piquemal a été reporté en raison de son état de santé, a-t-on appris ce lundi auprès du procureur de Boulogne-sur-Mer Jean-Pierre Valensi. Il a été interpellé samedi à Calais lors d'une manifestation anti-migrants interdite.
"Le général Christian Piquemal ne comparaîtra pas aujourd'hui, son état de santé est incompatible avec une comparution immédiate", a affirmé le procureur de Boulogne-sur-Mer qui précise que les quatre autres personnes qui devaient être jugées avec lui, après avoir participé samedi à un rassemblement hostile aux migrants à Calais et interdit par les autorités, passeront comme prévu en comparution immédiate lundi. Lundi matin, "le général s'est plaint, il est allé à l'hôpital de Calais et le médecin légiste qui l'a examiné a indiqué que son état de santé était incompatible avec une comparution immédiate devant le tribunal correctionnel", a ajouté le magistrat.
Procès reporté en mai 2016
Son "procès est reporté au 12 mai 2016 à 13h30", a précisé l'avocat du général Me Denis Tailly-Eschenlohr. Il n'est pas "sous contrôle judiciaire", et "à l'issue de son hospitalisation, il pourra rentrer chez lui", a-t-il poursuivi. "C'est un sacré gaillard, pour autant les conditions de garde à vue sont rudes. C'est naturel qu'il cède au bout de 40-45 heures de garde à vue, ce qui devait arriver arriva, le physique a lâché, mais le moral est là et toutes les capacités intellectuelles sont optimales (...), on va avoir du temps pour préparer une défense de qualité", a affirmé Me Hervé Krych, l'un des avocats du général.Christian Piquemal, 75 ans, désigné comme ayant eu "le rôle principal" dans cette manifestation interdite, est poursuivi pour "participation à un attroupement qui ne s'est pas dissout après sommation" et les quatre autres personnes pour "port illégal d'armes". Organisée à Calais à l'appel du mouvement islamophobe Pegida, la manifestation de samedi avait été interdite par les autorités et a été marquée par des échauffourées entre forces de l'ordre et manifestants, qui ont scandé des slogans tels que "on est chez nous!", "Etat dictateur" ou "migrants dehors". Après plusieurs appels à la dispersion, les gendarmes ont chargé les manifestants et fait usage de gaz lacrymogènes. Vingt personnes ont été interpellées, parmi lesquelles M. Piquemal, général en retraite, ancien grand patron de la Légion de 1994 à 1999, prestigieuse unité de l'armée française.
Soutien de l'extrême-droite
De nombreuses réactions à l'arrestation de l'ex-militaire, venues pour l'essentiel de l'extrême droite, ont agité les réseaux sociaux français. "Un grand serviteur de la France traité plus durement qu'un délinquant: une cruelle preuve de l'inversion totale des valeurs", a écrit ce lundi la présidente du Front National Marine Le Pen sur son compte Twitter."Oui, je le soutiens, tout à fait", a également déclaré sur RTL Florian Philippot, à propos de l'ancien patron de la légion étrangère, pointant un "deux poids, deux mesures assez choquant". "Soit on autorise toutes les manifestations à Calais, soit on les interdit toutes". "Quelle menace incarne-t-il aujourd'hui ? Aucune, on le sait très bien", a argumenté le vice-président du Front national. "En revanche, on est parfois moins sévère, plus laxiste, envers des militants violents, des militants "No border", des militants qui cassent, des casseurs". Rappelons toutefois que huit personnes - six migrants et deux militants "No Borders" - avaient été interpellées le 23 janvier dernier pour être montés illégalement sur un ferry dans le port de Calais en marge d'une manifestation de soutien aux migrants. Ils seront jugés le 22 février.