Pénurie de professionnels en crèche : l'accueil de personnels non formés divise

Exemples à Lille et Arras, où comme partout en France, les crèches pourront faire appel (sous conditions) à des personnels n'ayant pas les diplômes nécessaires, à partir du 31 août 2022.

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Face à la pénurie de personnels en crèche - il manquerait au moins 10 000 professionnels de la petite enfance au niveau national - le gouvernement a décidé de faciliter l'accès à ces postes. La mesure qui est parue au journal officiel le 4 août dernier sera effective le 31 août. A cette date, sous conditions d'encadrement par des professionnels et suite à une formation de 120 heures en interne à la crèche, le ou la postulant.e pourra intégrer l'équipe. 

Julien Dehay, qui a lui obtenu son diplôme d'auxiliaire de puériculture en 2008 après une formation de 10 mois, et qui travaille à Arras au sein de la crèche collective Maurice Leroy, s'inquiète d'une certaine "dévalorisation de son diplôme" avec cette mesure. A quatre kilomètres de là, toujours à Arras, Isabelle Warembourg, directrice puéricultrice de la crèche Le temps d'un rêve renchérit : "C'est vrai que l'on constate des difficultés de recrutement (la crèche cherche depuis un an un.e auxiliaire de puériculture pour remplacer un congé parental) mais je vois mal l'équipe, en plus de s'occuper des enfants, former de nouveaux collègues. Déjà quand on sort de l'école, il y a un temps d'adaptation; si, en plus, la personne est sans qualification, cela devient compliqué. Le but reste de proposer un service de qualité, il faut que l'enfant soit bien, rassuré dans sa structure. Et on s'affaire à ça !"

120 heures de formation

Jimmy Dacquin, fondateur du réseau de micro-crèches (12 enfants maximum) Ô p'tits mômes, qui crée une académie des métiers de la petite enfance sur Lille d'ici la fin 2022 et qui gère un réseau de 180 franchises sur la France (une trentaine dans les Hauts-de-France), estime qu'il faut répondre au besoin de personnels. Son argument principal est le suivant : "Les assistantes maternelles qui gardent les enfants à leurs domiciles ont une formation de 120 heures et un agrément pour deux ou trois enfants. Là, avec la nouvelle loi, on prendrait des profils adaptés et on formerait au sein des crèches des personnes motivées avec 120 heures également de formation. Alors que les assistantes maternelles sont laissées seules chez elles, là, les nouvelles personnes formées seraient toujours accompagnées et encadrées au sein des crèches".

Un point de vue que tempère Laurie Pomanah de Baby Accueil à Lambersart : "Je comprends l'idée mais on n'a pas attendu les politiques pour le faire. On ne les a pas attendus, pour concrétiser les embauches, de faire en sorte de tourner les personnes volontaires vers les CAP ou les diplômes d'auxiliaires de puériculture pour intégrer notre structure. Mais il me semble que le décret ferait former le ou la postulante par la direction ou un référent technique. Pour ma part, je fais aussi partie de la direction et en plus de l'accueil, de mon métier, des finances, il faudrait que je forme... C'est du temps supplémentaire qu'on n'a pas forcément. Et une activité pour laquelle on n'a pas forcément les compétences sachant que les professionnels de terrain sont à temps plein en présence des enfants. Il y a un manque de considération de la nécessité d'avoir du temps en dehors des enfants pour analyser des situations, réfléchir aux bonnes pratiques, se documenter... Ces professionnels sans formation solide pourraient souffrir d'épuisement par manque de connaissances et outils".

250 000 places en crèche à créer

Ce regard de Laurie, Jérôme Obry, à la tête de 45 crèches Rigolo comme la vie, situées principalement dans les Hauts-de-France et président de la Fédération Française des Entreprises de Crèches le comprend, le partage, mais il explique que pour les entreprises de crèches, il est possible d'intégrer la formation de nouveaux collaborateurs. Et ce dernier de rappeler quelques chiffres : "400 000 places existent en France pour les enfants dans les crèches privées et publiques ou associatives pour 130 000 professionnels exerçant. Il manque par ailleurs 250 000 places en crèche à créer". De plus,  l'accompagnement des enfants se ferait par des postulants ayant une expérience sociale mais pas forcément la qualification qu'il faut, au départ. C'est pourquoi il est tout à fait favorable à cette nouvelle loi. 

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