Depuis 2023, plusieurs cantines et accueils périscolaires ont mis en place des pénalités en cas d'absences non justifiées des enfants aux activités réservées. Une mesure qui se veut pédagogique, mais qui agace les parents. Et quel est bilan de ces pénalisations ?
À Saint-Jean-de-Braye, située dans l'agglomération orléanaise, lorsque les enfants sont absents, les parents mettent la main à la poche. Depuis 2023, un nouveau règlement les pénalise en cas d'absence jugée injustifiée de leur progéniture à la cantine ou dans le cadre des activités périscolaire réservées.
Par exemple, en plus du coût du repas déjà réglé par la famille, cette dernière doit payer 12 euros supplémentaires en cas d'absence imprévue. Ainsi, une absence non justifiée à une activité périscolaire peut être pénalisée de 15 euros les mercredis et lors des vacances scolaires, et une absence à la cantine de 12 euros.
Seule manière d'éviter de passer à la caisse : annuler la présence de l'enfant sept jours à l'avance, ou présenter, dans la semaine suivant l'absence, un justificatif. L'objectif avoué de la mesure est de "responsabiliser" les parents, mais leur complique bien la vie.
"Les parents n'ont pas que ça à faire"
"On ne sait jamais quel justificatif va être jugé valable ou non valable", s'agace Maxime Quintard, représentant des parents d'élève à l'école Gallouedec. En cas de gros rhume ou de petite grippe, surtout lorsque l'école elle-même demande aux parents de venir chercher leur enfant, il devient vite compliqué de mettre en pause sa journée de travail pour faire la chasse aux justificatifs. "Devant la difficulté de justifier les absences, certains parents ont tendance à laisser tomber et à payer la pénalité."
"Les parents n'ont pas que ça à faire", poursuit le père de famille. "Le seul discours qui nous est opposé c'est 'oui mais il y a des familles qui abusent'. Moi je connais pas de famille dans cette situation. Peut-être qu'il y en a, mais c'est une minorité." De fait, des représentants des neuf écoles de la commune ont décidé de faire front commun afin d'exiger la suspension, ou au moins l'assouplissement, du système de pénalité.
Ce qu'on constate c'est qu'au cours de l'année il y a des absences et que c'est compliqué à justifier, ce qui aboutit à des échanges sans fin pour ne pas payer une pénalité.
Maxime Quintard, représentant de parent d'élèves
La commune, de son côté, assume la sévérité du système, même si elle maintient le dialogue avec les parents réticents. Le problème vient, comme l'explique Hyacinthe Bazoungoula, adjoint au maire délégué à l'éducation, des pertes de temps et d'argent induit par les absences imprévues. "On avait, au niveau de nos temps péri-scolaires ou extra-scolaires, des familles qui s'inscrivaient aux activités, prenaient des places qui sont en nombre limité, alors que les enfants ne venaient pas", détaille l'élu.
Conséquence de cet absentéisme : des salariés mobilisés en trop grand nombre pour encadrer des activités, et du gaspillage alimentaire dans les cantines de cette ville d'un peu plus de 20 000 habitants.
"L'idée était donc de remettre de la justice dans ce système", en "touchant au porte-monnaie" des familles, poursuit Hyacinthe Bazoungoula. Les sommes supplémentaires à payer correspondent, explique-t-il, au prix réel des prestations auxquelles souscrivent les parents.
Ce que paient les familles ne couvre pas le coût d'une journée. C'est ce qui nous a conduit, au regard des nombreux repas gaspillés, des places inoccupées, à mettre en place ce système de sur-facturation.
Hyacinthe Bazoungoula, adjoint au maire de Saint-Jean-de-Braye délégué à l'éducation
De fait, de nombreuses communes ont fait le choix de pénaliser les familles dont les enfants sont absents à la cantine ou lors d'activité. La ville d'Orléans s'était d'ailleurs faite remarquer à l'échelle nationale en 2023, en instaurant une pénalité de 5 euros en cas d'absence à la cantine. À l'époque, devant la levée massive de bouclier, la municipalité avait revu sa copie.
Selon le règlement des activités qu'a pu consulter France 3, un tarif "exceptionnel" remplace la surfacturation de 5 euros en cas d'absence injustifiée ou de défaut de réservation. Ainsi, en fonction des ressources de la famille, le surcoût peut aller de 30 centimes à 3 euros pour la cantine, et dans les mêmes ordres de grandeur pour les accueils du soir et du matin.
Du côté d'Olivet, ville de taille comparable à Saint-Jean-de-Braye et toujours dans l'agglomération d'Orléans, aucune pénalité n'est appliquée. Mais une absence injustifiée, sans annulation en amont, entraîne la facturation de l'activité au tarif normal.
Un système frustrant, mais qui s'affine
Alors, quel bilan pour la pénalisation de l'absentéisme ? Pour Hyacinthe bazoungoula, il est indéniablement positif. "Une fois que cette sur-facturation a été mise en place : le taux d'absentéisme a vraiment baissé". Selon l'élu, ce taux a été divisé par deux depuis la mise en place des règles de sur-facturation, passant de 12% à 6%.
Pour autant, les points soulevés par le collectif de parents d'élèves ne sont pas tous tombés dans l'oreille d'un sourd. En témoignent deux rencontres, en juillet et en octobre, entre l'équipe municipale et les représentants de parents d'élèves des neuf écoles de la commune. À la suite de ce dialogue, certaines pénalités ont été abaissées, et la liste des justificatifs acceptés a été étoffée.
Il n'en reste pas moins que, du côté de certains parents d'élèves, la frustration reste bien présente. Parmi leurs revendications qui n'ont pas encore été entendues figure par exemple la tolérance de trois absences non-justifiées par an, comme une sorte de droit à l'erreur. Une nuance pour l'instant impossible à appliquer, pour des raisons informatiques, répond la commune. Une troisième rencontre entre élus et parents doit avoir lieu au mois de décembre.