Le gouvernement devrait mettre fin aux missions des CRS maîtres-nageurs sur les plages pour les concentrer sur des missions de sécurité.
Les CRS maîtres-nageurs pourraient disparaître. Cet été pourrait donc marquer la fin d'une tradition née en 1958, quand les sauveteurs bretons bénévoles, confrontés à un nombre élevé de noyades, avaient dû appeler l'État à la rescousse.Depuis soixante ans, des policiers formés à la natation sont affectés sur les plages dangereuses ou très fréquentées, mais leur nombre ne cesse de baisser. En cet été de canicule, une balade sur la plage des dunes de Flandre le confirme : les policiers de l'été sont déjà nombreux à avoir raccroché le sifflet. À Malo-les-Bains, l'essentiel des effectifs de CRS est déployé hors de la plage. Sur le sable, seuls 10 CRS MNS pour 80 saisonniers officient en août.
La cité balnéaire se transforme en ville moyenne durant l'été, les habitants sont ravis de la présence des CRS et se désolent de savoir que cela va probablement toucher à sa fin."On a des retours très positifs. Ici, c'est une plage familiale, dans les jours ensoleillés, la plage est bondée de monde, leur présence rassure." Pour les vacanciers de Malo-les-Bains, ces hommes en rouge et bleu sont essentiels.
"S'il y a une incivilité ou un problème l’impact n’est pas le même si c’est un CRS qui te reprend à l’ordre au lieu d’un petit jeune de 18 ans qui fait ça comme job étudiant" explique un vacancier. Un rôle d'autorité complémentaire à celui des maîtres-nageurs sauveteurs. Seuls les CRS sont habilités à faire la police sur la plage... Et à verbaliser.
"Ça nous encadre, ça nous donne de la confiance, car entre nous, ils ont un aspect plus autoritaire que nous… On a besoin d’eux." ajoute un saisonnier. Si les CRS devaient quitter le littoral, Dunkerque devrait débourser 60 000 euros, pour embaucher 10 nageurs sauveteurs expérimentés.
Forte hausse des noyades
Le président du syndicat intercommunal des Dunes de Flandres, Frédéric Vanhille, juge primordiale cette mission estivale des CRS. Leur but : secourir les personnes en difficulté, intervenir pour faire cesser les infractions commises sur le sable et même, qui sait, riposter en cas d'attaque terroriste. Car, depuis 2016, les CRS maîtres-nageurs sont armés, le pistolet automatique soigneusement rangé dans une banane étanche.
Malgré la hausse du nombre de noyades (1 139 entre le 1er juin et le 26 juillet, dont 251 mortelles), ces arguments ont peu de chances de trouver un écho. Car l'idée n'est pas nouvelle. Depuis 2012, la Cour des comptes préconise de mettre fin au déploiement des CRS maître-nageurs sur les plages, relève le JDD. "La question de l’optimisation de l’emploi des unités des forces mobiles se pose aussi à propos de la surveillance des plages, a-t-elle souligné. (...) Les communes ne remboursent pas à l’État le coût de ces fonctionnaires mis à leur disposition", a également écrit l'an dernier la juridiction financière.
>> Maëlys September et Dominique Masse