Chômage, écart de revenus, insertion : l'Insee publie deux études l'une sur la pauvreté des habitants des 199 quartiers de la politique de la ville et l'autre sur les disparités de ces quartiers, cinq profils sont identifiés dans la région. Les chiffres sont assez inquiétants.
En Nord Pas-de-Calais Picardie comme en France, c'est en ville que la pauvreté est la plus grande, comme à Creil. Sur le plateau Rouher, l'association Georges Brassens se bat depuis des années pour l'insertion.
Avec : Seynabou Sow; Pascal Gosselin, directeur du centre Georges Brassens;
Plamedie Mangila; Priscilla Firquet, conseillère insertion sociale et professionnelle; un reportage de Jean-Pierre Rey, Gilles Bezou et Nicolas Duchet
La région Nord-Pas-de-Calais-Picardie compte 199 quartiers de la politique de la ville (QPV) répartis dans les cinq départements : 91 quartiers dans le Nord, 64 dans le Pas-de-Calais, 18 dans l'Oise, 17 dans l'Aisne et 9 dans la Somme. Ces quartiers rassemblent 652 000 personnes en 2012 et représentent 17 % de la population des unités urbaines qui les englobent, contre 13 % en métropole. Ce poids démographique est le plus élevé des 13 nouvelles grandes régions de France métropolitaine, devant les régions Île-de-France et Alsace- Champagne-Ardenne-Lorraine.
Taux de pauvreté très élevés
Selon les chiffres de 2012, plus d'un million de personnes de la nouvelle région vivent sous le seuil de pauvreté (un revenu inférieur à 990€ par mois par individu ou ménage), soit 18,1% de la population. Une proportion de quatre points supérieure à celle mesurée en France métropolitaine. Ce taux place la région en avant-dernière position parmi les région françaises, juste derrière la Corse (20,4%).Dans la région, 45 % des habitants des quartiers de la politique de la ville ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, soit un peu plus de 300 000 personnes. Ce taux de pauvreté figure parmi les plus élevés au sein des 13 régions. Il dépasse de 3 points le taux métropolitain.
Les quartiers des unités urbaines de Chauny et de Calais présentent des taux de pauvreté parmi les plus élevés de métropole (respectivement
58 % et 57 %). Puis viennent les quartiers des unités urbaines de Maubeuge, Amiens, Saint-Omer, Soissons et Laon.
Plus de familles monoparentales et de jeunes dans ces quartiers
Les jeunes de moins de 15 ans sont notamment surreprésentés dans les Terriers de Pont-Sainte-Maxence (31%) et dans les quartiers de l'unité urbaine de Creil ou à Méru (29 %). Les quartiers de la politique de la ville des départements de l'Oise et du Nord comptent davantage de ménages de grande taille. En particulier, dans ceux de l'unité urbaine de Creil, 25 % des ménages sont composés de cinq personnes ou plus contre 13 % pour l'ensemble des quartiers de la région.Des difficultés d'insertion sur le marché du travail pour les habitants, et notamment pour les femmes
27 % des ménages perçoivent des allocations chômage, soit 8 points de plus que dans les unités urbaines qui les englobent. L'écart le plus important concerne les quartiers de Château-Thierry : 35 % des ménages y perçoivent des allocations chômage contre 20 % pour l'ensemble des ménages de l'unité urbaine.Des emplois précaires
24 % dans ces quartiers contre 15 % au niveau des agglomérations englobantes. Ce taux atteint 30 % dans les quartiers de l'unité urbaine de Maubeuge.Les femmes sont les plus touchées. 64 % des femmes de 15 à 64 ans n'y ont pas d'emploi, soit 6 points de plus que pour l'ensemble des quartiers métropolitains. Ces difficultés des femmes face à l'emploi concernent davantage les quartiers Nord et du Pas-de-Calais, notamment au sein des unités urbaines de Calais, de Maubeuge et de Fourmies, où les trois quarts des femmes sont sans emploi.Manque de qualification et de formation
Le retard scolaire à l'entrée en sixième s'avère plus fréquent pour les élèves des quartiers de la politique de la ville que pour ceux des unités urbaines englobantes. Dans la région, il touche 23 % des élèves de sixième des QPV, niveau comparable à la moyenne nationaleUn parc social très présent dans l'ensemble de ces quartiers
Certains QPV concentrent plus de la moitié des logements sociaux de l'unité urbaine qui les englobe, comme dans les unités urbaines de Creil,Beauvais, Méru ou Crépy-en-Valois. À l'opposé, la densité de logement social est la plus faible dans l'unité urbaine de Caudry.Pour autant, les 199 quartiers de la politique de la ville de la région ne sont pas dans la même situation
L'Insee a classé les quartiers selon cinq profils. Le premier regroupe 66 quartiers de la politique de la ville situés dans le bassin minier, peuplés de 141 000 habitants. La population est plutôt âgée. Les ménages monoparentaux sont moins représentés (5,4 % contre 7,5 % en moyenne). C’est dans ce groupe que le taux moyen de bas revenus est le moins élevé : il s’établit à 28 % contre 33 % dans l’ensemble des 199 quartiers.le deuxième groupe est peuplé de 57 000 habitants, il représente 26 quartiers et se répartissent entre le Pas-de- Calais, le Nord, l’Aisne et l'Oise. La population y est également plutôt âgée avec 17 % de seniors, tandis que les mineurs sont proportionnellement moins nombreux que dans l’ensemble des quartiers (26 % contre 30 %).
le chômage légèrement moins présent. Les actifs en emploi sont davantage titulaires d’un diplôme, et peuvent donc prétendre à des emplois qualifiés.
Le troisième profil regroupe 24 quartiers et 99 000 habitants, dont 90 % résident dans le Nord. Ce profil est présent en particulier au sein des agglomérations de Lille, Dunkerque, Arras et Amiens. Les quartiers de ce profil sont souvent petits : 67 % d’entre eux comptent moins de 2 000 habitants. Une population représentée par de jeunes adultes 20 à 39 ans. Ils en constituent 42 % de la population contre 34 % dans l’ensemble des quartiers.
Le quatrième profil compte 43 QPV et 164 000 habitants. La quasi-totalité des quartiers de la politique de la politique de la ville de l’Oise, quatre QPV amiénois et un QPV abbevillois en font partie. Cette classe comprend aussi des quartiers du sud de l’Aisne, des agglomérations de Lille, Dunkerque, Arras, Boulogne-sur-Mer et certains QPV du bassin minier. Parmi les 44 quartiers de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme, 25 appartiennent à cette classe. Ces quartiers sont en moyenne de plus grande taille : 60 % d’entre eux comptent plus de 2 000 habitants.
Le logement social prédomine : il héberge 80 % de la population contre 57 % à l’échelle des 199 quartiers. Les niveaux du chômage et des revenus se situent dans la moyenne des QPV, malgré une part plus élevée d’actifs sans diplôme.
Le cinquième profil est le plus touché par les difficultés économiques et sociales. Il compte le poids démographique le plus élevé avec 191 000 habitants, soit 29 % de la population en géographie prioritaire de la région, répartis dans 40 quartiers de la politique de la ville, pour les deux tiers dans le Nord et un quart dans le Pas-de- Calais. Des quartiers abbevillois et axonnais en font aussi partie.
Le chômage frappe ici plus encore : il touche 35 % des actifs de ce groupe, et 54 % d’entre eux sont des chômeurs de longue durée