La fête des sports de Noyon, dans l'Oise, s'est transformée en une manifestation de colère des associations de la commune à l'encontre de la mairie et de son édile, Sandrine Dauchelle (LR), venue à l'événement. La cause, une suppression de 100 000 euros de budget dédiés aux différentes structures sportives. Le dialogue est rompu depuis le 19 août, entre les deux partis.
"C'est un cataclysme", clame Michel Lebrun, directeur technique du Judo club Noyon. Avec d'autres présidents de clubs de la ville de Noyon, dans l'Oise, ils ont profité de l'organisation de la fête des sports pour dénoncer une coupe budgétaire importante de la mairie, 100 000 euros, à l'encontre du monde associatif.
"On nous a annoncé le mois où on devait percevoir les subventions, qu'on n'allait pas les toucher. Ça a mis beaucoup d'associations dans la panade", explique le directeur technique du club de judo de la commune. "On ne peut pas se laisser faire, on ne peut pas se laisser bafouer impunément. Lorsqu’on est une association normalement, on doit être soutenu par sa mairie. On a respecté le contrat en travaillant avec la mairie toute l'année et elle nous a lâchement abandonnés sur la fin", déplore-t-il.
Un sentiment partagé par un grand nombre de personnes présentes ce dimanche 1er septembre à la fête : licenciés, parents et enfants. Michel Lebrun indique que la structure de judo va recevoir une subvention de 4 800 euros pour l'année à venir, au lieu des 11 000 euros attribués l'année précédente.
Bruno Morineau, le président Rugby Club de Noyon, évoque le même constat. Après avoir touché "9 200 euros l'année dernière, cette saison-là, elle nous a annoncé 4 000 euros". Une perte, proche de 60% environ, qui oblige "tout à revoir". Il informe que l'argent de la mairie "sert à transporter toutes nos équipes, l'école de rugby ou bien les seniors. Et là, le fait de n'avoir que 4 000 € pour déplacer les jeunes, on est vraiment en difficulté financière."
Une coupe "demandée par la Cour des comptes"
Venus à la fête du sport, Sandrine Duvauchelle et ses adjoints ont été accueillis sous les huées et l'appel des manifestants à la "démission" de l'édile. Benoît Goullieux, adjoint au sport, aux Jeux olympiques et aux bâtiments communaux de la commune, résume la situation. "Nous avions rencontré les associations au mois de mars. Nous avions prévu une baisse de 15 à 20 % de leurs subventions. Suite à ça, le budget a été refusé à la Communauté de Communes du Pays Noyonnais. Donc la Cour des comptes (CRC) est tombée sur le budget de Noyon et nous a demandé de faire une économie de 100 000 euros au niveau des associations."
Il explique la décision de la CRC par "une explosion des chiffres au niveau de l’énergie sur tous les bâtiments qui sont très vieillissants". "Une excuse pas valable" pour Michel Lebrun.
Isabelle Da Silva, adjointe à la vie patriotique, aux nouvelles technologies, la prévention et à la sécurité, ajoute que le rapport du CRC a "spécifié des associations qu’on ne peut pas baisser. Des associations sociales comme les Restos du cœur." Cette dernière "entend" le mécontentement des associations sportives, "si on avait pu faire autrement, on l’aurait fait."
Face à cette situation, les différents acteurs se sont réunis le 19 août. Benoît Goullieux raconte : la mairie "a proposé éventuellement dans la mesure du possible de faire une économie de 50 000 euros qu’on leur redonnerait. Suite à ça, ils se sont levés, ils sont partis de la réunion." Avant d'interrompre l'interview, ce dimanche 1er septembre, Sandrine Dauchelle (LR) pointe le fait que les clubs aient refusé cette proposition.
Il n’y a aucune reconnaissance de ce qu'on fait avec les enfants.
Bruno MorineauPrésident du Rugby Club Noyon
Pour ces derniers, la colère est profonde. Ces baisses budgétaires vont directement impacter leurs adhérents. Comme pour beaucoup de clubs, le Rugby Club de Noyon va être obligé d'augmenter les cotisations, "de 20 euros", rapporte Bruno Morineau. Un point agace le plus le président : "il n’y a aucune reconnaissance de ce qu'on fait avec les enfants. On les encadre, on est avec eux, ce sont des gamins qu'on essaie d'insérer dans la vie. Et là, aucune reconnaissance. Là, je l'ai mal pris, très mal pris".
Michel Lebrun abonde en ce sens. "Avec ces subventions, on met aussi en place une politique sociale. Grâce à ça, on a de la cohésion sociale qui se crée. On a des enfants qui n'ont pas forcément les moyens, on les aide, on les accompagne." 20% des licenciés sont aidés directement par les clubs, indique-t-il.
Autre conséquence soulignée par le directeur technique du club de Judo, le licenciement probable de certains éducateurs. "On ne pourra pas tous les garder à plus ou moins long terme."
Les associations font appel à la préfecture pour régler la situation
La baisse budgétaire inquiète également Benjamin Jonnaux, père et licencié au club de Karaté de Noyon. "On a plusieurs enfants. On veut les faire pratiquer plusieurs choses, ce n’est pas évident. Les clubs et les associations, c’est quelque chose qu’on doit mettre en avant à Noyon. Ce sont les seules choses positives qui nous restent à Noyon." Face à cette situation, il regrette "devoir faire des choix", avec le budget de la rentrée des classes à prendre en considération.
Pour régler le problème, Michel Lebrun fait appel à la Préfète de l'Oise, Catherine Séguin. "On aimerait être entendu par la Préfète. Tout simplement. Elle a déjà des échos de ce qui se passe sur Noyon. Là, c'est que le sportif, mais quand un maire commence à taper sur ces associations, c'est vraiment qu'il y a tout le reste qui est dans la débandade", conclut-il.
De son côté, l'équipe municipale espère renouer le dialogue. "On a eu des réunions pour leur proposer 50 000 euros supplémentaires et ils ont fermé la porte à ces négociations. Un moment donné, il faudra reprendre celles-ci."
Avec Naim Moniolle / FTV