Créée au début des années 2000, l'association Les Bouchons d'Amour peine de plus en plus à remplir des camions de bouchons depuis qu'ils sont vissés aux bouteilles. Ceux-ci permettent de récolter de l'argent qui finance du matériel aux personnes en situation de handicap.
"Je suis venu parce que je me disais qu'il fallait aider, je voulais partir plus tard en vacances pour aider et faire ce camion, ça me tenait à cœur", lance Robin, bénévole pour Les Bouchons d'Amour à Amiens. Du haut de ses 10 ans, il aide cette association qui collecte les bouchons des bouteilles plastiques pour les recycler et offrir du matériel pour les personnes en situation de handicap avec l'argent récolté.
"C'est une bonne action pour la planète et pour aider les gens, je me sens utile, poursuit-il. C'est mon voisin qui tient ça et je me suis dit pourquoi ne pas donner un coup de main et passer un bon moment". Le problème, c'est qu'avec la nouvelle directive qui impose aux bouchons d'être attachés aux bouteilles, leurs récoltes diminuent, au gros damne des bénévoles et des bénéficiaires.
Un camion et demi par an contre trois à quatre
Bernard Bénéat, président régional des Bouchons d'Amour dans les Hauts-de-France, note qu'auparavant, ils arrivaient à remplir trois, voire quatre camions par an. Depuis que les bouchons sont attachés aux bouteilles, ils en font un à un et demi, pas plus. "Les gens n'arrivent soi-disant pas à enlever le bouchon. Ils sont attachés alors que c'est stupide de le faire puisque la bouteille et le bouchon ne se recyclent pas de la même façon".
Au niveau national, "on faisait à peu près 150 tonnes par an. L'année dernière, on a récupéré à peine 100 tonnes, 90 à peu près, donc vous voyez que ça fait quand même une sacrée différence".
Il y a aussi eu le confinement. Pendant cette période, on n’avait pas non plus de bouchons. Ça fait à peu près 4 ans qu’on a des difficultés et que ça s’est accumulé. Pas qu'en Picardie, mais dans toute la France !
Bernard Bénéat, président régional de l'Association Les Bouchons d'Amour
Mais quel impact cette baisse a-t-elle très concrètement sur les associations qu'elles soutiennent financièrement ? Les Bouchons d'Amour n'ont plus les moyens de donner autant qu'avant. Pour un fauteuil roulant qui vaut entre 4000 et 5000 euros, ils n'aident plus parfois qu'à hauteur de 500 euros, contre 1000 auparavant.
Pour le moment, l'association n'a pas encore d'alternative. Elle espère que les gens prennent l'habitude d'enlever le bouchon. Ils peuvent, par exemple, prendre une paire de ciseaux pour le faire ou simplement le tirer assez fort pour le retirer du goulot.
Une association essentielle à l'accompagnement du handisport
Joseph Mbongo, ancien président du club handisport d'Amiens, explique que les Bouchons d'Amour l'ont grandement aidé "en participant à l'acquisition du matériel, à l'achat d'un fauteuil", comme le sien : "c'est un partenariat de très longue date". L'association aide aussi au financement de l'aménagement des dispositifs de déplacement pour les personnes en situation de handicap.
"Il y a dossier qui est monté : on a eu une aide de 3500 euros à l'échelle nationale et 1500 à l'échelle locale", soit 5000 euros pour l'aménagement d'un véhicule. En 10 ans, "on a eu l'équivalent de deux fauteuils, sur la quinzaine que compte le club, ce n'est pas rien", indique-t-il.
Pour ce qu’ils m’ont apporté en tant que personne, pour ce qu’ils ont apporté au club, ce qu’ils ont apporté à la famille handisport en général, je pense qu’on leur doit une bonne reconnaissance.
Joseph Mbongo, ancien président du club handisport d'Amiens
L'ancien président s'interroge sur l'avenir car avec 50% de bouchons en moins, les aides diminuent de moitié : "il faudrait voir s'il y a possibilité pour Les Bouchons d'Amour de se porter vers un autre produit pour rester dans ce même objectif. J'espère qu'ils trouveront". Il suggère aussi que les producteurs de bouchons réfléchissent à une alternative.
Il espère que l'association trouvera "une autre source d'approvisionnement à côté des bouchons qu'on arrive encore à glaner. J'utilise le verbe glaner parce que la récolte n'est plus si facile que ça. On essaie de les arracher mais c'est sûr que sur le long terme, ça ne tiendra pas", conclut-il.