À Nogent-sur-Oise, un stage de judo réunit des centaines d'espoirs de la discipline. L'occasion de tester les infrastructures et de donner un avant-goût des JO de Paris 2024.
Ce jour-là, tout est plus grand : le tatami, la salle, l'enjeu et le nombre de participants. 280 judokas, entre 12 et 19 ans, réunis dans la salle Marie Curie de Nogent-sur-Oise. Les jeunes combattants s'écharpent, se testent, se mettent au tapis dans des hippons plus ou moins réussis. Une danse collective, des heures durant. Tous sont réunis par une passion commune pour le judo. Parmi eux, visages concentrés et gestes précis, Louis Pestelard et Meghan Vo attirent l'oeil. Ils s'entraînent ensemble, comme si rien n'existait autour, imperturbables. Ces deux-là sont des graines de champions, peut-être la future élite du judo français. Ils ont à peine 18 ans, et avec des parcours d'excellence en équipe de France cadet, ils gardent leurs rêves de gosses. "Les Jeux olympiques en 2024 ? C'est sûr qu'on y pense, c'est même un objectif", lance Meghan. "Ce serait encore plus beau, à la maison, c'est le rêve", ajoute Louis.
Avec leur kimono bleu, siglé équipe de France, ils attirent aussi les regards de leurs adversaires du jour. Plusieurs clubs d'Ile-de-France, de l'Oise et même d'Outre-Mer participent à ce stage de trois jours. Surtout, il y a deux délégations étrangères composées des meilleures équipes de Pologne et du Kosovo. "Pour nous c'est hyper précieux, c'est un autre style de judo. En France, on commence à connaître nos adversaires à force de les rencontrer, là on se confronte à du nouveau", se réjouit Louis.
Objectif Jeux olympiques
Un Ajimé rentit dans la salle, c'est le top départ pour des confrontations. La moitié des jeunes judokas quittent le tatami pour laisser place à l'autre moitié qui s'affronte deux par deux pendant 5 minutes. Le Matte crié par les entraîneurs sonne la fin, et l'autre moitié s'élance à son tour dans un round de 5 minutes. Un "training camp" classique, comme ils l'appellent. Quand Meghan finit ses combats, elle est très sollicitée. Ses prétendantes tournent autour d'elle, motivées par l'envie d'engrenger de l'expérience auprès d'une confirmée, au pire, ou de la faire chuter, au mieux.
Sur le tatami, face à elle, une judokate polonaise de niveau équivalent. Les gestes sont déjà ceux des pros. Peu de chute, personne ne gagne. Essouflées, les deux filles s'offrent un salut protocolaire puis se laissent aller à une accolade. Meghan se confie "c'est un style différent, beaucoup plus rugueux, très verouillé, vraiment différent de mes concurrentes françaises". La promesse d'une revanche, dans une compétition officielle, et pourquoi pas aux JO 2024 ?
Le stage de deux jours est encadré par un champion. Dans le monde du judo, son nom est connu et respecté. Kylian Le Blouch compte deux participations aux Jeux Olympiques, à Rio en 2016 et à Tokyo cette année. Au Japon, il fait partie de la bande de Teddy Riner et s'impose sur la terre du Judo, offrant ainsi une médaille d'or par équipe pour la France. Dans la vie, il est prof... de judo forcément. Et c'est cette casquette qu'il revêt aujourd'hui. "Je m'occupe de la partie expertise technique sur le stage" résume le champion. Concrétement, il rythme le stage avec ses démonstrations et ses explications, entouré par 280 jeunes judokas réunis autour de lui. "C'est comme ça qu'on apprend, j'ai été à leur place et un champion venait me donner des conseils et je les suivais pour progresser. Je pense que c'est une chance, en tout cas je le prenais comme ça étant plus jeune." L'élite d'aujourd'hui, meilleur moyen de former l'élite de demain.
Et côté polonais, l'avis est partagé. "C'est le seul moyen de grandir et de progresser pour ces jeunes judokas. Il faut se confronter à d'autres styles de judo, venus d'autres pays, c'est comme ça qu'on atteint son meilleur niveau" décrit Krystoflo Jczec, entraîneur de la délégation polonaise, qui lance dans un sourire "en plus, les français sont parmi les meilleurs."
Car ce stage pour jeunes poursuit aussi un objectif plus politique. Nogent-sur-Oise est à moins d'une heure de route du futur village olympique à Paris. Ces infrastructures pourraient donc servir de base arrière pour des délégations étrangères pendant les JO 2024. "Par exemple, le département porte un projet d'agrandissement du volume de ce gymnase pour en faire un dojo départemental", avance Lakhdari Benabdelmounene. Le chantier doit être livré en 2023, un an avant le début des jeux. "On pourrait accueillir les équipes étrangères et aussi préparer le futur. Les équipements serviront ensuite pour tous les jeunes des clubs de la région." Dans l'Oise, c'est sûr, la dynamique JO 2024 est déjà bien lancée.