Au lendemain de l'interpellation de cinq mineurs suite à l'agression d'un lycéen handicapé à Saint-Maximin dans l'Oise, quatre d'entre eux ont été déférés devant les procureurs de Senlis et de Beauvais. Ils reconnaissent les faits en garde à vue et disent avoir réagi en réaction à des insultes racistes.
Jeudi 6 octobre, cinq mineurs ont été interpellés puis placés en garde à vue à la suite de l'agression de Rudy, un jeune garçon handicapé scolarisé au lycée professionnel Donation Robert et Nelly de Rothschild à Saint-Maximin dans l'Oise.
L'un des suspects a été mis hors de cause et libéré après les premières auditions. Les quatre autres adolescents, âgés de 15 ans, ont été déférés devant les procureurs de Senlis et de Beauvais en vue de la saisine du juge pour enfant.
Durant leur garde à vue, ils ont reconnu avoir frappé Rudy. Ils disent avoir agi en réaction à des insultes à caractère raciste. À ce stade de l'enquête, ce point n'est pas confirmé par le procureur.
"Ces jeunes-là lui disait qu'il ne fallait pas avoir des propos racistes"
Les faits se sont produits lundi 3 octobre aux abords de l'établissement scolaire. Une vidéo où l'on voit Rudy se faire frapper violemment par d'autres jeunes a été vivement relayée sur les réseaux sociaux notamment par plusieurs personnalités d'extrême droite.
Le lendemain des faits, une plainte avait été déposée par le lycéen et sa mère. Contactée mercredi 5 octobre à la suite de la mise en ligne de la vidéo, la mère de Rudy nous expliquait les difficultés que son fils avait au lycée où il suit une formation pour être agent de sécurité. "Des jeunes de son lycée l'insultent régulièrement de 'sale handicapé', de 'canard boiteux', ils lui disent 'on finira bien par t'avoir à un moment', témoignait-elle.
Devant le lycée, vendredi 7 octobre, les élèves rencontrés nous ont donné leur version des faits. "Ce n'est pas normal qu'il ait été frappé à quatre contre lui, mais cela fait plusieurs fois que ces jeunes-là lui disait qu'il ne fallait pas avoir des propos racistes. C'était des 'sale noir', 'les noirs il faut les enchaîner comme à l'époque', 'les arabes, il faut qu'ils retournent dans leur pays'", détaille l'un d'entre eux.
À la sortie de la gendarmerie jeudi, la mère de Rudy indique avoir rencontré les familles de deux suspects. Celles-ci lui ont présenté leurs excuses, mais ont aussi menacé de porter plainte contre le lycéen agressé qu'elles estiment responsable. "Admettons qu'il ait dit quoi que ce soit, il ne mérite pas un tel déferlement de violence", a répondu la mère de famille.
Le rectorat et le ministre de l'Éducation nationale condamne ces violences
Dans un communiqué, jeudi 6 octobre, le rectorat indique qu'il "condamne avec la plus grande fermeté l’agression dont a été victime lundi le jeune Rudy."
Le même jour le ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, a également réagi sur son compte Twitter : "Je suis profondément choqué par les agressions dont a été victime le jeune Rudy. Cette violence doit être fermement condamnée", a-t-il écrit, relayant ainsi le communiqué du rectorat d'Amiens.
"En fonction de l’avancée de cette enquête, des procédures disciplinaires seront également engagées par l’établissement", précise le rectorat.