Une vidéo montrant l'agression d'un lycéen handicapé par quatre jeunes lundi 3 octobre, à quelques pas de l'établissement situé à Saint-Maximin, a été vivement relayée par l'extrême droite sur les réseaux sociaux. La mère de la victime a porté plainte. Elle dénonce des violences verbales et physiques récurrentes à l'égard de son fils.
Depuis mardi 4 octobre, une vidéo montrant un adolescent en train de se faire frapper par quatre jeunes circule abondamment sur les réseaux sociaux, et en particulier au sein de la sphère de l'extrême droite.
La victime est Rudy, un lycéen handicapé de 16 ans en terminale au lycée professionnel Donation Robert et Nelly de Rothschild, à Saint-Maximin, dans l'Oise. Sur la vidéo, on peut voir ses agresseurs lui donner plusieurs coups de poing, de pied et de sac à dos, au corps et à la tête.
L'agression a eu lieu lundi 3 octobre, à quelques pas du lycée. Si, physiquement, Rudy présente "des bleus" selon sa mère, "psychologiquement, c'est dur, il n'est vraiment pas bien", s'inquiète-t-elle mercredi. Le lendemain des faits, Rudy et sa mère sont allés porter plainte.
La vidéo de l'agression a notamment été partagée par Damien Rieu, un candidat du parti Reconquête aux élections législatives très suivi sur Twitter, ainsi que par Marion Maréchal, vice-présidente du parti d'Eric Zemmour.
Régulièrement insulté de "sale handicapé"
"Rudy a un TDAH [trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité ndlr] avec impulsivité et il a un pied plat valgus. Il est suivi par une auxiliaire de vie scolaire et par l'ITEP [Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique, ndlr]", explique sa mère. Au lycée professionnel depuis un an, le jeune homme suit un CAP agent de sécurité. "Des jeunes de son lycée l'insultent régulièrement de 'sale handicapé', de 'canard boiteux', ils lui disent 'on finira bien par t'avoir à un moment'", témoigne-t-elle.
La mère de Rudy explique avoir déjà signalé ces insultes au lycée. "Comme mon fils est impulsif et qu'il lui est déjà arrivé de répliquer quand des jeunes l'ont cherché, on me répond que certes, il est victime, mais qu'il ne fallait pas qu'il se défende", se désole-t-elle. Selon elle, ce n'est pas la première fois que Rudy est agressé par des jeunes de son lycée. Jeudi 29 septembre, deux garçons auraient tenté de s'en prendre à lui alors qu'il refusait de leur prêter sa cigarette électronique, avant que le grand-père de Rudy, qui passait par là en voiture, n'intervienne.
Selon sa mère, Rudy aurait à nouveau été frappé par quatre jeunes de son lycée lundi 3 octobre à 14h, soit quelques heures après les faits cités plus haut. Sur la vidéo que nous avons pu nous procurer, on peut voir une adolescente frapper un jeune homme par derrière et trois autres jeunes se ruer sur lui avant qu'un cinquième individu n'intervienne et ne les sépare.
"Ce n'est pas à lui, la victime, de changer de lycée"
"Mon fils ne connaît pas ces jeunes plus que ça", explique la mère de Rudy. Elle dénonce l'inaction du lycée. "J'ai eu la CPE hier qui m'a dit que ça se passait en dehors des murs du lycée et qu'elle n'avait pas les noms des jeunes alors qu'on peut les reconnaître grâce à la vidéo", rapporte-t-elle. "Je l'ai eu seulement trois minutes au téléphone, précise-t-elle, puis j'ai eu la directrice qui m'a dit qu'elle prenait l'affaire au sérieux".
Contacté, le lycée professionnel Donation Robert et Nelly de Rothschild nous a renvoyés vers le rectorat d'Amiens, qui à cette heure ne nous a pas encore transmis les éléments dont il dispose. La mère de Rudy attend désormais que l'établissement réagisse. "Ce n'est pas à lui, la victime, de changer de lycée, surtout que sa formation n'existe pas partout. C'est trop facile que ce soit toujours aux victimes de partir", estime-t-elle.
Suite à la plainte déposée par la maman et son fils, une enquête pour violences aggravées a été ouverte mardi 4 octobre. "Les enquêteurs effectuent actuellement de nombreuses vérifications et la victime va faire l’objet d’un examen médico-légal pour déterminer la gravité de ses blessures, indique le procureur de la République de Senlis. Le parquet a sans délai saisi l’association France Victimes 60 afin que le mineur et sa famille puissent bénéficier d’un accompagnement juridique et psychologique."