103 personnes licenciées par l'usine Massey Ferguson AGCO de Beauvais : "ils devaient conserver les emplois et même en créer"

Alors qu'AGCO promettait la création de 300 emplois lors de son implantation dans le beauvaisis, le fabricant de tracteurs a annoncé ce jeudi 3 octobre la suppression de 103 postes en CDI.

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À la sortie de l'usine Massey-Fergusson AGCO ce lundi 7 octobre, les ouvriers font grise mine. Ils viennent d'apprendre que 103 nouveaux emplois seraient supprimés. Ce plan de licenciement survient juste après celui de leur sous-traitant GIMA qui annonçait la suppression de 30 postes en mai dernier. 

"Je suis hors de moi, m'énerve quasiment constamment - raconte Laurent Delaunay, contrôleur qualité chez GIMA -  Je trouve ça inacceptable. Ce n’est pas une entreprise qui va mal. Il y a une baisse d’activité, mais il y a toujours des hauts et des bas et à priori, ça remontera forcément, mais ce sont toujours les mêmes qui paient les pots cassés."

Sur le site, le mot trahison est sur toutes les lèvres. Un investissement de 13 millions d'euros pour la construction d'un pont reliant deux parties de l'usine devait garantir l'embauche de 300 salariés. "Ça me désole. C’était un site qui devait employer des personnes. Ils avaient fait un accord tacite et quand ils ont mis en place le projet du pont, en contre-partie, ils devaient conserver les emplois et même en créer", abonde-t-il.

"Non seulement on n'a pas les créations d’emplois, mais en plus, on a un plan de licenciement"

Cet investissement, Thierry Aury, opposant (PCF) à la mairie de Beauvais, y était déjà opposé au moment de sa proposition. "Je suis doublement choqué par le scandale que représente ce plan de licenciement qui n'arrive même pas un an après avoir inauguré en grandes pompes le pont AGCO, qui a été réalisé avec 13 millions d'euros d’argent public en contrepartie d’au moins 200 embauches. Et aujourd’hui, non seulement on n'a pas les créations d’emplois, mais en plus, on a un plan de licenciement : celui d'AGCO mais aussi un plan de licenciement d’une trentaine d’ouvriers de GIMA qui est la filiale d’AGCO sur le site. Et c'est sans parler des centaines de contrats d’intérim qui n’ont pas été renouvelés depuis le 15 décembre, quand on a inauguré le pont", s'indigne-t-il. 

La direction de l'entreprise américaine n'a pas répondu à nos sollicitations. Ce n'est que 24 heures après la publication de cet article qu'elle nous a adressé un communiqué. Elle confirme la baisse mondiale du marché, mais affirme avoir "dépassé ses engagements en termes de création nette d’emplois (…) avec 320 nouveaux postes créés en CDI (...) dont 256 à Beauvais (...) Elle ajoute que "ces créations d’emplois ont été également permises par un investissement d’AGCO de 63 millions d’euros pour la création de nouvelles activités sur le site de Beauvais ". 

L'attitude des pouvoirs publics "naïve" selon l'opposition 

Pour Roxane Lundy, conseillère régionale (divers gauche), la puissance publique a sa part de responsabilité : "L’entreprise ne respecte pas les engagements qui ont été pris, mais je dénonce aussi l’attitude des pouvoirs publics qui ont fait preuve de beaucoup trop de naïveté à un moment où on appelait à être sérieux sur ce dossier et à véritablement conditionner les aides."

Pour Caroline Cayeux, maire de Beauvais : "Le contrat moral avec l’entreprise avait été respecté puisque 307 personnes avaient été embauchées le jour de l’inauguration". Ce décompte comprend à la fois des postes en CDI et des postes en intérims. 

Aujourd'hui, elle ne regrette rien : "Quand en 2020 nous avons pris la décision de construire un pont, il avait un double emploi. Il devait fluidifier la circulation pour l’entreprise, mais aussi dans Beauvais. Ce n’est pas le pont AGCO, c’est le pont de l’agglomération, le pont du beauvaisis, le pont Blaise Pascal. Il nous permet aujourd’hui de fluidifier la circulation et de permettre à toute la zone de se moderniser." Le pire a été évité selon elle : "Je suis satisfaite d’avoir fait ce pont sinon ce n’était pas 100 emplois perdus aujourd’hui mais ça aurait pu être 2000 au fil des années."

Contactés, les syndicats n'ont pas souhaité nous répondre. Des négociations sont toujours en cours. 

Avec Rachel Desmis

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