Le 15 décembre, Caroline Cayeux présidait le premier conseil de la communauté d'agglomération depuis sa démission du gouvernement, le 27 novembre dernier. L'opposition lui demande de faire preuve de plus de transparence, ou de se mettre en retrait.
À peine sortie de la tempête médiatique qui a suivi sa démission du gouvernement face à des soupçons de fraude fiscale, l'ex-ministre déléguée aux collectivités territoriales Caroline Cayeux a fait son retour, le 15 décembre, à la présidence du conseil communautaire de l'agglomération du Beauvaisis. L'occasion pour les membres de l'opposition de lui demander des comptes.
"Est-ce que Caroline Cayeux restera présidente de la communauté de communes ? Est-ce que nous aurons plus d'informations ?", demande Roxane Lundy, conseillère municipale NUPES de Beauvais, avant le début du conseil de la communauté d'agglomération du Beauvaisis. Caroline Cayeux intéresse la justice : la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a avisé le procureur de la République de ses soupçons, le 29 novembre. L'ancienne maire de Beauvais est suspectée d'avoir sous-évalué la valeur de ses biens immobiliers de moitié.
La veille du conseil communautaire, les élus d'oppositions ont donc adressé une lettre à Caroline Cayeux pour obtenir des explications. Arrivée seulement quelques minutes avant l'ouverture du conseil, l'ex-ministre balaie les questions de façon lapidaire : "on verra ça en fin de conseil". À l'issue de la séance, elle indique vouloir conserver sa présidence de la communauté d'agglomération.
Deux poids, deux mesures
La démission du gouvernement de Caroline Cayeux était volontaire, après seulement quatre mois et 24 jours en tant que ministre déléguée aux collectivités territoriales. Thierry Aury, conseiller municipal PCF de Beauvais, ne comprend pas que la présidente de l'agglomération ne se mette pas en retrait de toutes ses fonctions tant que l'affaire n'est pas clarifiée.
"Je rappelle que c'est la même déclaration de patrimoine qui est en cause, souligne Thierry Aury. Nous allons lui demander de faire toute la transparence sur cette situation qui évidemment, a suscité beaucoup d'émotions chez les habitants du Beauvaisis et a fait une très mauvaise publicité à notre territoire".
En effet, les ennuis de Caroline Cayeux avec la Haute Autorité ont commencé dès 2021. Alors maire de Beauvais, la HATVP lui transmet une première alerte sur la sous-évaluation de ses biens.
"Elle ne pouvait en ignorer la juste valeur"
Haute Autorité de la transparence de la vie publique
Le communiqué de l'institution, publié le 29 novembre, rappelle cet épisode : "Madame Cayeux avait été alertée (...) de la forte sous-évaluation de sa résidence principale et des risques qu’elle encourait en cas de réitération. Elle a par ailleurs cédé elle-même des biens à la même adresse pour un prix au m² très nettement supérieur à celui déclaré. De fait, elle ne pouvait en ignorer la juste valeur."
L'année noire de Caroline Cayeux
Son passage au gouvernement n'aura décidément pas réussi à Caroline Cayeux. En juillet, déjà, l'une de ses interviews crée la polémique. La chaîne Public Sénat l'interroge sur des propos tenus en 2013, lors des débats sur le mariage pour tous, qu'elle qualifie alors de "dessin contre la nature". Elle répond au journaliste avoir "beaucoup d'amis parmi ces gens-là". En réaction, une centaine de personnalités publient une tribune pour dénoncer son homophobie. Quatre plaintes sont déposées.
Si Caroline Cayeux a présenté ses excuses aux communautés LGBT+, pour ce qui est du patrimoine, elle n'admet pas les faits qui lui sont reprochés. Le 30 novembre, deux jours après sa démission, elle contestait via ses avocats l'évaluation de son patrimoine par la Haute Autorité. Pendant le conseil communautaire du 15 décembre, elle a rappelé le principe de la présomption d'innocence. L'opposition en quête de réponses est restée sur sa faim.