Coronavirus - "Il faut sauver le patrimoine", les propriétaires de monuments historiques privés au bord du gouffre

Depuis la fermeture des sites accueillant du public mi-mars, de nombreux propriétaires de châteaux n’ont plus aucun revenu. Malgré les annonces du gouvernement pour relever le secteur du tourisme, le propriétaire du château d’Auteuil, dans l’Oise, lance un appel à l’aide.
 

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Depuis 16 ans, Pol et Sabine de La Pintière investissent chaque euro gagné dans leur château du XVIIème siècle. Sur une surface de 1500 mètres carrés, déjà 1100 ont été entièrement restaurés dans le style de l’époque. "Chaque année, on investit entre 40 et 100 000 euros dans des travaux d’entretien et de rénovation", explique le propriétaire de la demeure, située à Berneuil-en-Bray dans l'Oise. Les sommes flambent très vite : la rénovation d'une pièce peut coûter jusqu'à 100 000 euros à elle seule". 
 
Pour financer ces investissements, le couple accueille des touristes dans ses 5 chambres d’hôtes et loue le domaine pour des réceptions privées comme des séminaires ou des mariages. Mais depuis le début de la crise du Covid-19 et la fermeture des lieux accueillant du public, pas un euro n’est rentré dans les caisses. Pire : tous les événements prévus jusqu’à la fin de l’année 2020 ont été annulés.
 


Malgré les nombreuses aides au secteur du tourisme annoncées par Edouard Philippe ce 14 mai, les propriétaires de monuments historiques privés comme Pol de La Pintière se sentent oubliés : "Comme dans notre cas, les propriétaires de ces monuments sont souvent des couples, qui font à la fois office de jardiniers, de bricoleurs et d'hôtes. Ce sont des passionnés qui réinvestissent tout dans la rénovation de leur château alors la plupart n’ont que trois ou quatre mois d’avance de trésorerie. Donc vis-à-vis des banques, ils n'obtiennent pas souvent gain de cause car ils sont dans des situations économiques fragiles". 
 

On a besoin d'un plan de relance massif


Dans un communiqué diffusé le 11 mai, l’association La Demeure Historique demandait à l’Etat la mise en place d’un programme d’accompagnement comprenant l’intégration au plan de relance pour la filière tourisme, l’accès au dispositif d’endettement ainsi que le maintien du chômage partiel.

Ces propositions ont depuis été validées par le gouvernement même si les propriétaires de demeures historiques restent en sursis : "C’est un bon premier pas et c’est un vrai signe d’ouverture, reconnaît Olivier De Lorgeril, président de l’association. Mais si la saison touristique est mauvaise, on devra être accompagnés pour l’entretien de nos monuments. On a besoin d’un plan de relance massif et de mesures fortes pour sauver le patrimoine".
  

Quels risques pour le patrimoine français ?

Selon l’association des monuments historiques privés, plusieurs centaines de propriétaires risqueraient de mettre la clé sous la porte si rien n’était fait pour les aider, "puis les plus fragiles seront contraints de vendre ce qui constitue, encore aujourd’hui, le patrimoine de la France, le patrimoine des Français".

Un scénario catastrophe également envisagé par Pol de La Pintière : "Nous sommes tous des passionnés qui connaissent ce patrimoine, qui savent le remettre en état et qui mettent en valeur le savoir vivre à la Française. Si nos châteaux sont vendus, il y a un risque de perte de cette connaissance de la restauration historique. Nous, nous ouvrons notre patrimoine privé au public mais rien ne nous dit que les futurs propriétaires russes ou chinois ne fermeront pas les portes des châteaux pour en faire leur villégiature".
 

Une source d'emploi local

Outre le risque de vente des demeures historiques, les propriétaires alertent sur d’autres conséquences. "Un château, c’est un écosystème local et rural, on fait travailler des restaurants, des taxis, des parcs d’activité, des musées mais aussi des artisans pour les travaux. Si nous mettons la clé sous la porte ou si nous n’avons plus les moyens d’accueillir du public à cause de la dégradation des lieux, c’est tout ce modèle économique s’écroule"alerte le propriétaire isarien.

Pour l’instant, les réservations pour les chambres d’hôtes de Pol et Sabine redémarrent au compte-goutte. "Ce sont surtout des parisiens qui veulent venir passer un week-end car ils ont besoin d’oxygène", soulignent-ils.

Le couple espère se rattraper un peu pendant la haute saison estivale mais reste lucide : "Cette année, on le sait, on fera à peine 30% du chiffre d’affaires que nous avions prévu ".Malgré tout, ces passionnés souhaitent continuer à entretenir leur domaine et ses extérieurs aussi longtemps que possible.
 
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