Le maire de Laigneville, Christophe Dietrich, a exprimé son découragement face à ce qu'il considère comme un assouplissement du confinement en demandant à ses policiers municipaux de cesser les contrôles d'attestations de déplacement.
"Quelle crédibilité ont les forces de l'ordre si les interdictions de sortie d'hier n'ont plus cours aujourd'hui ?" C'est la question que pose Christophe Dietrich, maire de Laigneville, dans l'Oise. Une question à laquelle il répond radicalement, en demandant aux deux policiers municipaux de sa commune d'arrêter de contrôler les attestations dérogatoires de déplacement. Il a exprimé son ras-le-bol dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux ce vendredi 3 avril.
Manque de courage du gouvernement
"Aujourd'hui, tout le monde a une bonne raison de sortir", soupire-t-il. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase : il est désormais possible de se rendre dans un jardin distant de son logement si celui-ci est situé à moins d'un kilomètre de son domicile. "Ça fait une semaine qu'on répète aux jardiniers que ce n'est pas possible, fulmine-t-il. Et vous allez voir qu'avec le beau temps prévu pour ce week-end, il va y avoir des barbecues un peu partout.""Il faut prendre exemple sur l'Espagne et l'Italie, poursuit le maire de Laigneville, dresser une liste des professions indispensables et interdire les sorties d'une heure pour courir. C'est dur mais c'est comme ça qu'on arrivera à bout du virus".
Un manque de courage et de présence d'esprit du gouvernement pour l'élu qui voit se précipiter sur sa commune la vague du coronavirus. "En détricotant tout ce qu'on a mis en place jusqu'à présent, on fait un bras d'honneur aux soignants qui vont bosser la peur au ventre", poursuit le maire de Laigneville, tout en reconnaissant à ses administrés leur sens des responsabilités et leur respect des mesures.
Un appareil administratif trop rigide
Ce constat, Jean-Claude Billot le partage. Le président de la fédération des maires des Hauts-de-France considère que le confinement se passe plutôt bien jusqu'à présent. En revanche, il estime que les règles mises en place correspondent aux besoins des gens. "Je crois que les gens ont pris conscience de la gravité de la situation, rassure-t-il. Ils ne sortent que lorsque c'est nécessaire et pour des raisons bien précises."Mais au-delà de cette décision symbolique, c'est la rigidité de l'appareil administratif que Christophe Dietrich entend pointer du doigt. "Il y a un décalage évident entre l'urgence du terrain, note l'édile, et ce système où on ne sait pas déroger à la règle pour répondre aux besoins concrets des habitants." L'Agence régionale de santé (ARS) manquerait-elle de souplesse et de réactivité ? C'est en tout cas ce qu'avance le maire de Laigneville.
"Cette rigidité est logique et normale, défend de son côté Jean-Claude Billot. En temps de guerre, nous avons besoin de règles strictes." Des règles qui, pour le représentant des maires de la région, doivent être appliquées sans réfléchir pour la sécurité des soignants et des soignés. "On ne peut pas non plus demander l'avis de tout le monde."
Trop tôt pour parler de déconfinement
"Quitte à laisser le fatalisme ou la passivité gagner certains maires de l'Oise", déplore Christophe Dietrich. "On parle déjà de déconfinement alors que le nombre de cas quotidiens continue d'augmenter, regrette-t-il. Petit bout par petit bout, on risque d'aboutir à une mesure qui n'a plus de sens."Pour autant, le Laignevillois n'entend pas baisser les bras face au Covid-19 et reste à l'écoute et au service de ses habitants. Dernière mesure en date, la mise en place de livraisons de paniers frais en soutien aux producteurs et aux consommateurs. Et toujours, l'accompagnement quotidien des personnes les plus fragiles.