Julia Favresse va se lancer sur un périple de 3 300 km sur 21 étapes, un jour avant le début du Tour de France hommes. Il y a une dizaine d'années, un tel défi était inimaginable pour celle qui dit ne pas avoir eu "le goût de l'effort" pendant bien longtemps.
"Un engrenage", c'est de cette manière que Julia Favresse décrit son arrivée dans le monde du triathlon et du cyclisme. En effet, celle qui n'était pas prédestinée à une carrière dans le sport est devenue une sportive confirmée.
La triathlète beauvaisienne fait désormais partie des neuf femmes choisies pour réaliser le Tour de France un jour avant les hommes, ce jeudi 30 juin. Ce projet est possible grâce à l'association Donnons des Elles au Vélo qui tente de promouvoir le cyclisme féminin et la politique sport-santé. Au total, c'est 3 300 km sur 21 étapes qui les attendent.
"Me surpasser, je ne connaissais pas"
Julia Favresse relate son parcours vers le cyclisme qui n'a pas démarré sous les meilleurs hospices. "À la fac, je trichais quand il fallait faire des tours de piste, avoue-t-elle. Je m'arrêtais et je me cachais derrière les tapis. Je n'avais pas le goût de l'effort, je n'aimais pas me faire mal je pense."
Il y a quinze ans, elle ne courrait pas et ne se serait "pas imaginé courir 10 kilomètres" malgré ses études de sport. "J'étais dans la découverte, mais me surpasser, je ne connaissais pas."
C'est au fur et à mesure qu'elle acquiert le goût du sport. Elle commence par courir 3 kilomètres, qu'elle n'arrivait pas à faire sans s'arrêter à plusieurs reprises. Avec effort et détermination, elle y parvient et passe ensuite aux 10 kilomètres, "avec les copains de mon club de course à pied", précise-t-elle.
Lancée dans sa course, Julia Favresse s'inscrit à un semi-marathon et à un marathon. "Une fois qu'on a fait un marathon, on va se mettre un peu au vélo pour faire du triathlon, donc il faut se mettre à nager." Et après le triathlon "S, M, L, XL", elle se cherche un autre défi. Le vélo lui apparaît tout de suite comme une évidence.
Aujourd'hui, le sport est devenu un mode de vie, "une drogue". Elle s'en rend compte après une blessure à l'Embrunman : le fait de ne plus en faire l'amène à une "descente aux enfers". La cycliste ressent un vide.
"Une autre Julia"
Son entraîneur, Nuno Fernandes, ne tarit pas d'éloges à son égard. Il la décrit comme une "vraie femme de défis". Il y a trois ans, Julia Favresse effectuait en sa compagnie "les sept majeurs, le fait de parcourir les sept plus grands cols des Alpes."
La voir postuler à Donnons des Elles au Vélo ne l'a pas non plus surpris : "ce qui m'aurait surpris, c'est qu'elle ne le fasse pas, avoue l'entraîneur. Je sais qu'elle va le faire et que ça va être de grands moments".
Le jour où on décide de se dire "ça y est, je m'y mets", on peut y arriver.
Caroline Henry à propos du parcours de son amie Julia Favresse
Son amie, Caroline Henry, qui l'a rencontrée au club de course à pied de Beauvais en 2016, se dit très fière. Elle explique avoir connu "une autre Julia" et contemple avec joie sa trajectoire ascendante. "Je l'ai connue quand elle courait et qu'elle soufflait, se rappelle-t-elle. Et quand on voit le résultat, on se dit : ah oui en fait, c'est possible même si à la base, tu ne fais pas beaucoup de sport."
Désormais, Julia Favresse offre même des séances de VTT à des femmes en rémission d'un cancer. Une initiative locale qui correspond à son nouveau rôle d'ambassadrice et prouve son attachement au sport-santé.
Une préparation millimétrée
La triathlète termine sa "préparation physique spécifique au vélo", différente de ce qu'elle faisait durant l'Embrunman qui incluait de la course à pied et des séances de vélo. "Là, du coup, c'est que du vélo". Alors, pour être prête le jour J, elle fait "des petites sorties d'une heure trente" où elle va travailler "la force ou la vélocité". Ensuite, "il y a des sorties de cinq heures où c'est vraiment de l'endurance".
Quand on lui demande ses craintes, elle réfléchit un moment avant de répondre : "la fringale, parce que dès que t'as faim en vélo, c'est terminé, t'as plus de jus". Mais aussi "décrocher le peloton, car il faut réussir à prendre des relais. C'est un effort complètement différent."
Julia Favresse n'a pas encore regardé le plan du parcours et préfère se focaliser uniquement sur la préparation. "Ça va être compliqué d'enchaîner 21 jours", avoue-t-elle, en rappelant qu'il y a "un staff qui nous suit, des kinés. Pour la récup, on aura tout ce qu'il faut".
Et malgré la pression qui monte, à quelques jours du départ, elle pense déjà à chercher d'autres défis, sans se projeter trop loin. "Je vis au jour le jour", conclut-elle.
Le Tour de France femmes, quant à lui, reverra le jour du 24 au 31 juillet prochain après 33 ans d'absence.