On le surnomme "Pinkman". Le Picard Enzo Lévêque a tout juste 19 ans et il est déjà dans le top 10 mondial du karting. Avec des dizaines de milliers d'abonnés sur Instagram et sur TikTok, il fait régulièrement le buzz. Mais qui est-il vraiment ?
Huit fois champion régional, deux fois vice-champion de France, vice-champion d'Europe et champion du Benelux en X30, trois fois vainqueur du Iame France (une prouesse qu'il est le seul à avoir accomplie)... Le Picard Enzo Lévêque, alias Pinkman, est souvent décrit comme le petit Prince du karting.
Pour lui, plus qu'un loisir, le kart est un sport auquel il consacre toute sa vie.
"Ce sport automobile s'est développé dans les années 50 aux Etats-Unis, précise-t-il. Les soldats américains ont soudé des bouts de tube et mis des moteurs de tondeuses à gazon, dans un but initial de loisir."
Un tremplin vers la course automobile
"Ça a pris de l'ampleur dans les années 80 en Europe, poursuit-il, notamment en Italie. C'est vraiment un tremplin pour les pilotes, qui plus tard veulent faire de la Formule 1 par exemple, ou de la course d'endurance."
"Aujourd'hui, c'est non seulement un sport, mais aussi un métier. On trouve des teams [des équipes] un peu partout en Europe.", se réjouit celui qui, justement, envisage de travailler dans ce domaine.
On pense que le karting est un sport individuel parce que le pilote est seul sous son casque. Mais derrière, il y a tout le staff, sans qui je ne serais rien.
Enzo Lévêque, pilote de karting
Sa team à lui s'investit à fond pour sa réussite, jusque dans les moindres détails. "Chaque matin en compétition, mon mécanicien me met toujours la même musique pour me réveiller, Without me, de Halsey. C'est devenu un vrai truc entre nous..."
"On imagine que le kart est un sport individuel parce que le pilote est seul avec la machine, mais il y a tout le staff derrière. On les oublie souvent, mais sans eux, on n'est rien. Je crois qu'on peut parler d'un sport d'équipe."
Né sur un circuit de kart
"Mon grand-père a construit une piste de karting en 1985 à Neuilly-sous-Clermont, dans l'Oise, raconte Enzo. Depuis, elle est restée dans la famille. Dès l'âge de cinq ans, j'ai supplié mon père de me laisser faire du karting."
Le père d'Enzo se laisse convaincre, récupère un ancien châssis qu'il découpe pour adapter la position des pédales et lui ajoute un petit moteur. "C'était parfait, se souvient le jeune pilote. Aussitôt que je rentrais de l'école maternelle puis primaire, je roulais."
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Du karting pour le frisson
Très vite, Enzo est séduit par la vitesse, la compétition et l'adrénaline. "Quand on met le casque, on ne pense plus à rien, on oublie les problèmes de la vie de tous les jours. On sent monter l'adrénaline, le stress, le frisson d'avant départ. On ne se demande plus qu'une chose : qui va gagner."
Sur son casque, le pilote a inscrit "Pinkman", "l'homme rose". "Lors d'une course, j'avais tenté un dépassement par l'extérieur, se remémore Enzo. Le commentateur m'avait alors surnommé comme ça parce que mon casque était rose, et c'est resté. J'aime bien !"
Aujourd'hui, Enzo Lévêque est dans le top 10 mondial du karting. "Je suis fier de mon parcours, affirme-t-il, même si pour l'instant, je n'ai pas décroché la première place en championnat, mais j'y travaille. Dur."
Le karting est très physique. Dans les virages, on peut prendre 2G, soit deux fois son poids !
Enzo Lévêque, pilote de karting
Lors de ce qu'on appelle la "trêve hivernale", entre novembre et février, Enzo s'entraîne sur les pistes qui accueillent les courses le reste de l'année. S'ajoutent à cela la musculation et une alimentation adaptée.
"Contrairement à ce qu'on peut croire, explique le pilote, le karting est très physique. Dans les virages, on peut prendre 2G, soit deux fois son poids."
"Sachant qu'en plus, le casque pèse 1,5kg, sur des muscles qu'on ne sollicite pas tous les jours, alors je les travaille en salle : cervicales, obliques, haut du corps."
Un planning intensif
Actuellement en BTS MCO, management commerce orienté, Enzo suit ses études à 100% par correspondance. "Je n'ai pas le choix, je ne suis jamais chez moi !", s'exclame-t-il.
"Du lundi au mercredi, je m'arrange pour faire tous mes devoirs, détaille-t-il, et le reste de la semaine est consacré au karting."
"Depuis le collège, avoue Enzo, je sacrifie un peu mes week-ends pour aller faire du kart. Après, c'est un choix de vie. J'ai des objectifs : je veux devenir pilote professionnel."
Heureusement, il est soutenu par sa famille, même si sa mère le supporte "de loin". "Quand je suis sur les circuits, elle appelle tous les soirs mais elle ne vient pas me voir. Elle a trop peur des tonneaux !"
Enzo peut aussi compter sur sa communauté de fans.
Des dizaines de milliers de fans sur les réseaux sociaux
Enzo est très actif sur les réseaux, sur ses comptes Instagram et TikTok, où il cumule des dizaines de milliers d'abonnés. Il diffuse des photos ou vidéos d'entraînement, mais aussi des images très travaillées.
"Je me suis lancé sur les réseaux sociaux avec un ami pour faire découvrir le kart à la population. Et puis mes vidéos ont percé, ça a pris de l'ampleur."
Aujourd'hui, Enzo a fait appel à Monsieur Darmon, agence d'influence et créateur de contenus, pour l'aider à optimiser ses réseaux. Objectif : dénicher des sponsors. "Je viens même de faire ma première collab sponsorisée avec placement de produits !" Un véritable influenceur du karting, en somme.
A terme, Enzo Lévêque aimerait devenir pilote professionnel en course d'endurance et intégrer une équipe GT4.
Son rêve ultime ? Courir les 24 heures du Mans. Au-delà de sa vie de pilote, il a déjà créé sa micro-entreprise de coaching. "J'envisage aussi de reprendre les rênes de la piste familiale de karting dans l'Oise, avec ma sœur. Elle pour la partie location, moi pour la compétition."