Ce devait le grand projet de la communauté de communes du Noyonnais : l'implantation d'une école internationale de foot fondée par Basile Boli sur l'ancienne base militaire. Mais l'ancien joueur est aux abonnés absents depuis plusieurs mois, laissant une dette de plusieurs centaines de milliers d'euros.
"Le bâtiment qui est juste devant nous, c'était celui pour les vestiaires et le bien-être des joueurs. Et ici, on devait retrouver quatre terrains de foot qui devaient être réalisés par Boli". Pascal Dollé, vice-président de la communauté de communes du Pays Noyonnais, ne cache pas sa déception. Quatre ans après la présentation officielle du projet école internationale de football, il n'y a toujours rien sur l'ancienne base militaire de Noyon. La Basile Boli Academy de football devait pourtant s'y étaler sur 14 hectares.
Plus de nouvelles depuis 8 mois
En juin 2022, un compromis de vente avait été signé entre l'ancien joueur marseillais et la communauté de communes du Pays Noyonnais. Mais l'argent n'est jamais arrivé. "On lui a posé un ultimatum en juin 2023 pour savoir s'il voulait vraiment réaliser le projet, raconte l'élu. Ça faisait 5 ans que ça durait. L'ultimatum prenait fin en octobre. On a eu une lettre début octobre comme quoi il voulait finaliser le dossier et depuis, plus rien. Donc nous, on arrête là. Les notaires font le nécessaire pour clôturer le dossier. Personne ne réclame des indemnités et puis voilà. Nous, on est passés à autre chose depuis bien longtemps parce qu'on a un besoin urgent de se développer. Il faut absolument qu'on se développe avec d'autres entreprises. On a beaucoup de contacts. Il y a des gens qui veulent vraiment venir."
Dans son édition du jeudi 30 mai, le Canard enchaîné révèle que le projet clôturé laisse une ardoise de plus de 263 000 € à un cabinet d'architecture parisien. Basile Boli ne répond plus aux assignations de justice, aux courriers recommandés, ni au téléphone. Il s'était pourtant affiché comme premier relayeur de la flamme olympique à son arrivée sur la terre ferme à Marseille le 9 mai dernier. Et ça, le cabinet d'architecture ne l'a pas vraiment digéré : "quand on l’a vu porter la flamme à Marseille, là vraiment, c’était trop. Parce qu'en plus de notre boulot, on a fait bosser des boîtes d'ingénierie, de structure. On avait confiance…"
Déception et amertume
Dans le club de Roye Noyon, le mercredi après midi, l'école de football bat son plein. Chez les passionnés, le faux bond du héros de la finale de la ligue des champions 1993 laisse un goût amer. "Faire des promesses comme ça en l'air, c'est pas bien. En plus à des enfants qui, je pense, avaient le rêve d'entrer dans cette école, surtout avec Basile Boli. C'est dommage. Il ne faut pas parler quand on n'assume pas les conséquences derrière", déplore cette maman assise dans les gradins.
"Il y a un peu de déception. Parce qu'il y avait des enfants du Noyonnais mais aussi de Roye qui espéraient y aller dans les futures années, assure William Marzec, éducateur sportif au club US Roye-Noyon. Ça aurait été intéressant pour eux".
Sans compter les nombreux emplois escomptés qui ne verront pas le jour. Mais Pascal Dollé est catégorique : "Effectivement, la Boli Academy a fait rêver beaucoup de monde, beaucoup de jeunes. Quand Basile Boli est venu signer le compromis de vente, on a eu des coups de fil de jeunes qui voulaient venir alors qu'il n'y avait encore rien. C'était porteur. C'était un beau projet. Mais Boli, c'est derrière nous.".
Aujourd'hui, sur le Campus économique Inovia, le pays noyonnais cherche activement à développer d'autres projets.
Avec Haron Tanzit / FTV