La sécheresse persiste dans l’Oise et les nouvelles mesures de restriction de l’utilisation de l’eau touchent plusieurs secteurs dans les zones placées en état de "crise". Des agriculteurs aux industriels, en passant par les communes, tout le monde est mis à contribution.
Des tuyaux d’irrigation, sans aucune goutte d’eau, reposent sur le sol du champ de Nicolas Sainte Beuve, agriculteur de pommes de terre, à Warnarvillers, dans l’Oise. Ses 50 hectares se trouvent dans l’un des nouveaux secteurs du département passés au niveau de "crise" de l’alerte sécheresse.
Désormais, il doit respecter de nouvelles mesures ayant des conséquences sur l’exploitation de ses parcelles. La contrainte essentielle est l’horaire autorisé pour irriguer ses champs. Entre 19h et 9h. En journée, il a interdiction d’arroser. "Du coup, le volume que je peux apporter est très réduit", explique-t-il. "C’est très restrictif. Je sais dès le départ que je vais utiliser un volume bien réduit par rapport à d’habitude et ça va me poser quelques soucis vis-à-vis de la qualité de mes pommes de terre."
"On est sur des pommes de terre à calibre et à qualité très standardisé. Du coup, le risque : c’est le refus de ma récolte."
Nicolas Sainte Beuve, agriculteur à Warnavillers
L’agriculteur compte sur un temps clément et pas trop sec pour que ses pommes de terre se développent. "Il y a un petit stress. Si l’année est correctement humide, et là, on a eu depuis 15 jours un peu d’eau, ça peut convenir. Mais, si on repart sur un schéma d’été très sec et chaud, il y aura un impact sur la qualité."
En cas de sécheresse, "la pomme de terre se déforme". Elle devient également "vitreuse et farineuse" décrit-il. La difformité est un problème pour cet agriculteur de la grande distribution et la restauration."On est sur des pommes de terre à calibre et à qualité très standardisé. Du coup, le risque : c’est le refus de ma récolte, de ma commercialisation."
Philippe Marini, Maire (LR) de Compiègne, évoque l’accompagnement auprès des agriculteurs, réalisé par le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) du bassin Oise-Aronde. "Depuis très longtemps, nous pratiquons avec les agriculteurs des mesures agro-environnementales. Nous les aidons à modifier leurs conditions d’exploitation. Nous avons une concertation depuis longtemps, dans ce bassin Oise-Aronde, sur le volume maximal prélevable dans la nappe phréatique."
Cette limite est définie à l’aide des relevés effectués par le syndicat mixte Oise Aronde, sur les différents endroits où le niveau des nappes est suivi.
Compiègne a changé la gestion de l'eau pour ses espaces verts
Les communes des secteurs mis au niveau de "crise" sont aussi soumises à des mesures de restriction. Il est interdit d’arroser les terrains de sport et d’entraînement ou encore les espaces verts. À Compiègne, classée cinquième ville la plus écologique de France, le maire n'entend pas subir le réchauffement climatique et rappelle les innovations réalisées pour moins consommer d’eau. "Les espèces plantées sont moins exigeantes en eau. On met du copeau et du paillage qui maintiennent l’humidité sur les massifs. On est très loin des consommations d’il y a dix ans ou seulement cinq ans."
D’autres secteurs sont touchés par des interdictions, comme les stations de lavage qui n’utilisent pas l’eau en circuit fermé où celle-ci est recyclée. De leur côté, les industries doivent réduire leur prélèvement en eau de 25%.
Tout le monde est donc sollicité pour ralentir la consommation d'eau et l'affaiblissement des nappes phréatiques. La préfecture pourrait annoncer de nouvelles restrictions dans les prochains jours, en fonction de l’évolution de la situation.
Avec Haron Tanzit / FTV