Mardi 20 juin, la préfecture de l’Oise a placé deux nouveaux secteurs du département au niveau de "crise", soit l'échelon le plus haut de l'alerte sécheresse. Au total, quatre zones sont soumises à des mesures de restrictions élevées, concernant l’usage de l’eau.
Les chaleurs et les très faibles précipitations des dernières semaines n’ont fait que renforcer la sécheresse qui touche les nappes phréatiques et le débit des cours d’eau de l'Oise, depuis plusieurs mois. Les récents orages très localisés n’ont pas permis d’inverser cette tendance. Résultat, le niveau des nappes phréatiques dans deux nouveaux secteurs, la Divette-Verse et l’Oise-Aisne, ont été placés au seuil de "crise".
Ces deux zones s’ajoutent aux secteurs d’Aronde et de Matz, déjà mis précédemment en état de "crise", le niveau le plus élevé concernant les mesures de restrictions. En effet, deux paramètres agissent sur les arrêtés de restrictions, explique Marie Anguenot, chargée de mission au Syndicat Mixte Oise Aronde. Soit le niveau du débit des cours d’eau, soit le niveau piézométrique. "Depuis le début de l’année, ce qui pose le plus de souci, ce sont les niveaux piézométriques." Cette dernière mesure correspond au niveau des nappes phréatiques. Elles sont mesurées à l’aide d’une sonde appelée piézomètre. "Cela permet de suivre l’évolution de la recharge, de la vidange, de la stabilisation de la nappe phréatique", précise Marie Anguenot.
La chargée de mission travaille sur le secteur d’Aronde et une partie du secteur Oise-Aisne. "On a cinq piézomètres. Les niveaux pour la période sont exceptionnellement bas. Mais, ce ne sont pas les niveaux les plus bas que l'on ait enregistrés. Mais, on s’en rapproche fatalement."
Des mesures de restrictions plus importantes
Ces nouvelles décisions préfectorales ont des conséquences sur les mesures de restrictions dans ces quatre zones en crise :
- La réduction des prélèvements industriels de 25 % pour les installations classées prélevant plus de 10 000 m³ par an, à l’exception de certaines activités.
- L’interdiction de l’irrigation des cultures agricoles, à l’exception du maraîchage et des cultures légumières de pleins champs sous conditions.
- L’interdiction de l’arrosage des terrains de sports et d’entraînements, à l’exception des terrains accueillant des compétitions à enjeu national ou international sous conditions.
- L’interdiction de lavage des voitures, sauf pour impératif sanitaire en station professionnelle.
- L’interdiction d’irrigation des golfs, à l’exception des greens sous conditions.
Des communes pourraient être "alimentées par des citernes"
Dans un des secteurs où travaille Marie Anguenot, le débit de la rivière d'Aronde inquiète autant que le niveau piézométrique des nappes. "Elle a longtemps été au seuil de vigilance, ce qui est problématique, mais pas catastrophique. Et là, avec le début du mois de juin, où il n’a pratiquement pas plu, elle connaît des [NDLR endroits] à sec." Des points sans aucun écoulement d'eau, dû à certaines sources elles-mêmes à sec.
Les pluies actuelles sont de plus en plus localisées et intenses sur un temps qui est très court. "Ça ruisselle plus que ça ne s’infiltre." Ce phénomène explique pourquoi le débit des cours d’eau et des nappes ne peuvent se réalimenter. De plus, la période naturelle de recharge, entre septembre et mars, est passée. Si ces faibles précipitations ont permis de soulager la végétation en place pour un temps donné, la menace plane pour certaines communes du département. "Il est fort possible pour des communes qui ont des forages d’eau potable sensibles à la sécheresse, de les voir des alimentées par des citernes, à l’horizon d'août 2023", exprime Marie Anguenot.