Les autorités sanitaires ont-elles tiré les leçons de la première vague de coronavirus dans l'Oise ? Rien n'est moins sûr pour un urgentiste de l'hôpital de Creil, qui décrit une situation déjà tendue. De son côté, le directeur de l'établissement se veut rassurant.
"Si on a une augmentation du nombre de patients, ce qui est assez probable, on sent bien que nos capacités d'accueil vont être mises à rude épreuve." Ce constat, c'est celui de Loïc Pen, médecin urgentiste à l'hôpital de Creil, qui alerte régulièrement sur la situation de son service. Une situation déjà sous tension, alors que s'amorce de plus en plus clairement une seconde vague.Déjà cinq lits sur huit occupés
Pour y faire face, l'hôpital creillois a rouvert son unité covid, ce vendredi 18 septembre. Une unité composée de huit lits, dont cinq sont d'ores et déjà occupés. Tandis que le service de réanimation compte cinq patients atteints du coronavirus. "C'est le premier étage de la fusée, explique le directeur de l'hôpital de Creil/Senlis. Si on arrive au maximum de notre capacité on ouvrira six lits à Senlis, et si ça continue nous déclencherons le plan blanc."Le plan blanc prévoit, si les limites de l'hôpital sont atteintes, de réquisitionner une partie des autres services de l'hôpital pour faire face à la demande. "On a déjà vécu ça, rassure le directeur. On est prêts à faire face." Une assurance que ne partage pas Loïc Pen. "On n'est pas du tout encore dans une situation de pic épidémique, souligne-t-il. Il va falloir faire comme la dernière fois et bricoler."
Contexte différent
Ce qui inquiète l'urgentiste, c'est le contexte différent dans lequel risque de s'inscrire cette seconde vague. L'hiver et son lot de pathologies approchant, les soignants vont devoir répondre, en plus des cas de covid, aux infections saisonnières. Des soignants exténués parmi lesquels, certains pourraient répondre absents, découragés."La période à venir risque de ressembler étrangement à la situation qu'on a connue pendant le confinement, s'inquiète Loïc Pen. On va devoir suspendre de nombreuses activités, avec pour conséquence de placer nos patients dans des situations délicates." Malgré toutes ces circonstances défavorables, le directeur de l'établissement de santé préfère rester serein.
Des soignants exténués
"On a embauché une quarantaine d'infirmiers et recruté sept médecins cet été, assure-t-il. Et puis on a toujours la réserve sanitaire, même si désormais, le problème est plus étendu géographiquement que lors de la première vague." Des moyens qui ne sont pas à la hauteur des besoins, juge l'urgentiste, qui dénonce fermement la stratégie sanitaire du gouvernement et l'hypocrisie du Ségur."On a mis des milliards dans des plans de reprise et rien pour la santé, s'indigne-t-il. Alors qu'il faudrait former plus de médecins et de personnel paramédical." Conséquence : chez les soignants, un sentiment de colère et de résignation domine. Sentiment qui pourrait se traduire par un large mouvement - déjà amorcé - de départs du public vers le privé.