Plusieurs municipalités des Hauts-de-France ont choisi de fermer au public leur hôtel de ville mardi 31 janvier. Une manière de soutenir le mouvement de grève et de permettre aux agents municipaux de se mobiliser contre la réforme des retraites.
Après la ville de Paris, de nombreuses municipalités ont rejoint l'opération "mairie morte", en soutien à la manifestation contre la réforme des retraites du 31 janvier 2023. En Picardie, les portes de l'hôtel de ville de Creil resteront fermées. Une décision que revendique Jean-Claude Villemain, le maire socialiste et président de l'agglomération creilloise : "Cette réforme inique porte un coup très grave à la population du bassin creillois et donc il faut montrer au gouvernement qu'au-delà des organisations syndicales, qu'au-delà des partis politiques, les communes sont le réceptacle de toutes les demandes et de toutes les suppliques des habitants. [...] Nous devons fermer nos mairies pour montrer que les élus sont solidaires de la population qui va avoir sa vie aggravée avec cette réforme."
L'élu indique par ailleurs que seuls quelques services seront maintenus : la sécurité, les résidences autonomie et le portage à domicile des repas. Les crèches n'accueilleront pas les enfants.
Même solidarité affichée dans plusieurs villes isariennes : Villers-Saint-Paul, Montataire ou encore Nogent-sur-Oise. Le premier édile nogentais, Jean-François Dardenne (divers droite), justifie cette décision par la forte mobilisation attendue des agents municipaux : "Nous avons énormément de personnes qui ont déclaré leur intention de se mettre en grève et de participer à la manifestation nationale. C'était difficilement possible d'assurer quoi que ce soit." Une banderole a d'ailleurs été accrochée sur la devanture de l'hôtel de ville.
L'élu dit aussi comprendre la mobilisation et avoir échangé avec les salariés sur le sujet : "Par exemple, j'ai reçu les salariées des crèches. Elles m'ont expliqué qu'elles refusaient de travailler deux ans de plus dans des conditions difficiles, avec, pour certaines, des problèmes de bras. C'est là-dessus que ça cristallise. [...] Moi, je suis pour une réforme, mais cette réforme-là, telle qu'elle est annoncée, est particulièrement inopportune, injuste et elle va toucher des personnels qui sont parmi les plus fragilisés."
Dans le Nord, le rideau sera également baissé dans une quinzaine de communes de la Porte du Hainaut : Raismes, Saint-Amand, Lourches, Douchy-les-Mines, Hasnon, Bruille-Saint-Amand, Hordain, Bellaing, Lieu-Saint-Amand, Oisy, Haulchin, Escaudain, Marquette-en-Ostrevent, Mortagne-du-Nord, Roeulx.
Quid des salaires ?
Par exemple, à Creil ou encore à Trith-Saint-Léger, les agents grévistes ne perdront pas leur salaire. Du côté de Nogent-sur-Oise, la municipalité réfléchit à faire de même.
Dans le Nord, Patrick Poisy, maire de Faches-Thumesnil et membre de la France insoumise, est opposé à cette réforme. Si l'hôtel de ville restera ouvert au public, la municipalité a décidé que "les heures de grève ne seraient pas décomptées du salaire à partir de 14 heures".
"Le but est de faciliter la mobilisation pour les agents, pour qui ça peut être une difficulté, ne serait-ce qu'une journée ou une demi-journée de perdue financièrement parlant. [...] Il y a un principe qui s'appelle la libre administration des communes, ça, c'est constitutionnel. Je ne pense pas qu'on viendra nous embêter sur ce sujet-là. Sinon, en délibération en conseil municipal, on votera une prime qui sera faite pour combler la perte de salaire", argumente-t-il.
Les prises de positions comme celle-ci se multiplient un peu partout dans les Hauts-de-France.