Le député Picardie debout de la Somme a installé des urnes devant des supermarchés et centres commerciaux d’Amiens, Abbeville, Flixecourt et Longueau, pour faire voter les clients sur "la retraite à 64 ans". Ce référendum fictif sert de tremplin à la prochaine mobilisation contre la réforme.
Le référendum est lancé ! Enfin, c’est pour de rire, comme on dit. Vendredi 27 janvier, en faisant leurs courses, certains Picards pouvaient glisser un bulletin (sans enveloppe) dans une urne en carton, pour dire ce qu’ils pensaient de la retraite à 64 ans, mesure phare de la réforme proposée par le gouvernement. Une initiative rigolote de François Ruffin, l’un des premiers opposants au texte.
"Il faut que le peuple picard libre puisse s’exprimer, très démocratiquement, lance le député Picardie debout de la Somme, sourire en coin. On veut qu’il y ait un référendum dans le pays, donc on l’organise de manière brouillonne, bricolée… mais on les fait voter !"
La petite troupe qui entoure l’élu s’est répartie quatre bureaux de vote : les portes des supermarchés d’Abbeville, Flixecourt et Longueau, ainsi que le centre Shopping Promenade d’Amiens. Les militants interpellent les clients et tentent d’échanger sur leur situation personnelle, quitte à expérimenter, avec eux, le simulateur du gouvernement.
Les commerçants avaient été contactés en amont pour accueillir l’opération : certains auraient donné leur accord ; d’autres, n’ayant pas répondu, l’auraient toléré une fois mis devant le fait accompli.
À Longueau, l’opération a été marquée par la venue du maire (divers gauche), l’ancien cheminot Pascal Ourdillé, pour le dépouillement ! Bilan : 83 « non »… pour 2 « oui », dont on saluera le courage (ou l’humour) devant cette opération évidemment militante.
"Les résultats, on les connaissait : les gens n’en veulent pas, martèle François Ruffin. Ils veulent du partage, que ça soit pas toujours les mêmes. Mais aujourd’hui, Macron s’en fiche. Il ne veut plus convaincre, il veut vaincre."
L’improbabilité d’un vrai référendum et le défi de la rue
Cette semaine, à l’initiative du parti communiste, une centaine de députés de la Nupes ont déposé une motion référendaire à l’Assemblée nationale. Elle a été signée par les présidents de chaque groupe de l’alliance de gauche. Le Rassemblement national a ensuite déposé la sienne, tout en se disant "prêt" à voter celle des rangs d’en face.
Le parcours pourrait être long et le mur à l’arrivée semble infranchissable : il n’y aura pas de référendum sur la réforme des retraites sans l’accord du président de la République. D’où l’attention portée à la mobilisation sociale.
Plus la rue pousse dehors, plus ça tremble dans les guiboles de la Macronie. L’enjeu, c’est que ça déborde, qu’ils se disent que c’est pas possible, que les patrons appellent Macron en disant "stop". Le 49-3 de la rue est bien plus puissant que celui de Borne et Macron.
François Ruffin, député (Picardie debout) de la Somme
Après le "dégel des cœurs", tel qu’il qualifie la forte mobilisation du 19 janvier dernier, François Ruffin espère encore plus de monde pour le deuxième acte. En marge de ses pseudo-référendums en supermarché, 15 000 tracts ont été distribués pour appeler à manifester ce mardi 31 janvier, date choisie par les organisations syndicales pour la deuxième journée de manifestations et de grèves contre la réforme des retraites.