Le 20 janvier, deux candidats, Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol, revendiquent la victoire après l'élection du premier secrétaire du PS. Depuis, le Parti Socialiste a plongé dans la crise. Le sénateur Patrick Kanner appelle à ne pas laisser le conflit s'enliser.
Le torchon brûle dans les cuisines du Parti Socialiste. Le 19 janvier, quelque 23 000 militants se sont réunis pour élire le premier secrétaire du parti. La pagaille commence dès le matin du 20 janvier : les deux candidats en tête revendiquent tous les deux la victoire.
Cela démarre avec un communiqué du PS annoçant la victoire du sortant Olivier Faure, avec 50,83% et à peine 393 voix de plus que son rival, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, à 49,17%. L'annonce est immédiatement contestée par l'élu normand. "Nous sommes en tête de façon claire" répond-il, encadré notamment par Anne Hidalgo.
Des accusations de "pratiques frauduleuses"
Selon Nicolas Mayer-Rossignol, un millier de voix environ restent sujettes à caution. "Nous irons jusqu'au bout de l'épuisement de toutes les voies de droit pour le faire valoir" a-t-il prévenu.
Et il a tenu parole. Nicolas Mayer-Rossignol a enchaîné les prises de parole pour faire émerger ses protestations. Il s'est notamment fendu d'un thread incendiaire sur le réseau social Twitter. Il dit avoir assisté à de nombreuses "pratiques frauduleuses" qu'il détaille dans son message.
Pour les militants PS historiques, l'épisode a un parfum connu, celui du congrès de Reims en 2008. A l'époque, ce sont Ségolène Royal et Martine Aubry qui avaient contesté les résultats. Cette dernière avait finalement été déclarée victorieuse, au prix d'un sérieux accroc dans les fondations et l'image du Parti Socialiste.
Pour éviter de répéter le scénario, Olivier Faure a finalement accepté de convoquer la "commission de récolement" fondée en 2018. Elle sera chargée de passer en revue les votes et de réunir les représentants des deux candidats. Mais quelle que soit la conclusion de cette commission, qui doit se réunir en fin de semaine, le PS apparaît désormais fracturé.
"Jusqu'à tout à l'heure, on allait dans le mur en klaxonnant !"
Patrick Kanner, sénateur socialiste du Nord qui a oeuvré 25 ans pour la ville de Lille, se désole lui aussi du spectacle que donne actuellement le PS. "Je ne sais pas si c'est dramatique ou une très mauvaise farce, mais c'est en tout cas une spirale qui pourrait être mortifère pour le parti socialiste si on continue comme ça" prévient-il. "Olivier Faure s'autoproclame gagnant mais à ce stade, nous n'en savons rien."
Pour le sénateur, la faute est à remettre sur le mode de scrutin choisi par le parti pour organiser son élection. "Quand j'ai adhéré au PS, en 1975, c'était le même. On n'a pas modernisé la vie démocratique du PS, c'est un chantier qui aurait déjà dû être mené par les directions sortantes. Le vote numérique, par exemple, aurait évité certaines situation hallucinantes" dénonce Patrick Kanner, qui seconde les accusations de pratiques frauduleuses lancées par Nicolas Mayer-Rossignol.
Pour le salut des socialistes, il espère que la commission de récolement puisse faire son travail jusqu'au bout. "Un entretien a eu lieu entre Hélène Geoffroy (candidate éliminée et soutien de Nicolas Mayer-Rossignol, ndlr) et Olivier Faure. J'ai le sentiment que les appels à la raison viennent de toute part et qu'ils vont peut-être porter leurs fruits. Jusqu'à tout à l'heure, on allait dans le mur en klaxonnant ! On avait deux blocs irréconciliables pour une élection qui, disons-le, s'est mal passée. Mais à partir de là, j'ai un peu plus d'espoir."