Histoires 14-18 : le culte des morts

Le cuivre des casseroles scintille. Le temps s'est figé dans cette demeure bourgeoise du musée Gallé. Une photo est posée sur la cuisinière. Elle raconte une immense douleur. Maurice Gallé pose en famille, il est le fils unique, il est tombera pendant la bataille de la Somme. Sa mère a offert sa maison à la ville de Creil et elle est devenue un musée, pour que Maurice ne soit pas oublié. 

Chambre de Maurice. Comme ses parents, le jeune homme était un fervent catholique. Son armoire est remplie de souvenirs guerriers : uniforme de sergent, bidon, grenade allemande ramassés là où il a été tué. Ses parents ont même retrouvé les débris de son kodak. Maurice  a photographié ces journées passées avec ses camarades. Partie de bridge, épouillage. Il a aussi posé, sortant de son abri ou guettant l'ennemi.

Dans une lettre, il écrit :  "Nous craignons la pluie, plus que les balles et la boue plus que les Boches..."

De simple soldat, Maurice passe sergent puis aspirant. Après une formation à Saint-Cyr, il est envoyé dans la Somme, où il est tué lors d'une reconnaissance. Sa grand-mère est inconsolable. Elle lui dédie un poème, écrit sur ce reliquaire. Son titre "A mon Dieu",  "parce que vous lui avez accordé la plus belle mort et ouvert votre paradis, où je l'imagine comme un saint, je vous remercie, seigneur."

Voici la tombe de Maurice Gallé. Ses parents ont érigé ce calvaire, à Bouchavesnes. Au front, Maurice avait converti des camarades. Apprenant sa mort, un capitaine salue le chevalier chrétien. Son aumônier ajoute "Il aimait Dieu plus que lui-même". Pour supporter la douleur, comme tant d'autres Français, sa famille se réfugiera dans le culte du héros.

 

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