"Je peux encore servir" : 5 soignants de l’hôpital de Creil partent en Guyane pour lutter contre le coronavirus

Depuis le mois de juin, quatre médecins et une infirmière de l’hôpital de Creil se relaient pour prêter main forte aux soignants de l’hôpital de Kourou en Guyane, où l’épidémie de Covid-19 explose. Parmi eux, Jean-Jacques Pik, médecin retraité de 65 ans.
 

Médecin retraité de l’hôpital de Creil depuis deux ans, Jean-Jacques Pik aurait pu couler des jours heureux loin du chaos de ces derniers mois. Mais toujours habité par son serment d’Hippocrate, le soignant de 65 ans n’a pas hésité à revenir en première ligne pour soigner les malades à Creil.

Lui-même contaminé par le virus en avril, le médecin infectiologue a ensuite continué d’assurer son service jusqu’à ce que l’épidémie se calme peu à peu dans l’Oise. Là encore, Jean-Jacques aurait pu retourner à sa paisible retraite. Mais il a préféré s’envoler début juin pour Kourou, en Guyane, et prêter main forte à ses confrères dépassés par l’arrivée du virus. "J’ai l’impression que je peux encore servir. Je suis infectiologue et vivre une pandémie, c’est quelque chose de très particulier. En Guyane, le virus circule encore beaucoup. J’ai besoin de solder l’affaire, d’aller au bout".
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Travaillant régulièrement avec l’hôpital de Kourou depuis deux ans, le médecin n’a pas hésité lorsque ses confrères guyanais lui ont demandé de l’aide. Avec lui, quatre autres médecins et une infirmière de l’hôpital creillois ont décidé de partir. Depuis le mois de juin et jusqu’en août, ils se relaieront auprès des malades pour soulager les médecins débordés.

"Par exemple, deux de mes collègues de Creil s’occupent des malades confinés dans un hôtel réquisitionné par l’ARS en Guyane. Il s’agit d’un centre qui héberge des personnes encore positives au Covid-19 après leur sortie de l’hôpital, ou d’autres malades qui n’ont pas la possibilité de s’isoler pour ne pas contaminer leurs proches".

 

Une situation sanitaire toujours préoccupante en Guyane


"En Guyane, l’épidémie de coronavirus est arrivée en décalage par rapport à la métropole pour des raisons d’éloignement géographique. Nous sommes au milieu du mois de juillet dans une situation qui ressemble à celle que nous avons connue en métropole au mois de mars ou avril, avec des contaminations qui continuent à augmenter et un taux de positivité des tests réalisés qui restent élevé" explique le soignant.
 

Et de poursuivre son analyse : "On comptait en Guyane sur une moindre diffusion car la population est plus jeune, le climat est plus chaud. Mais en fait dans cette épidémie, beaucoup de choses nous on surpris. Les Guyanais pensaient que le virus pouvait arriver de métropole ou du Suriname car la frontière est très perméable. Mais ce qui n’avait pas été prévu, c’était l’arrivée de très nombreux cas à partir des frontières du Brésil, côté sud-est, car au Brésil, l’épidémie a pris des proportions fulgurantes. Le virus est arrivé là où on ne l’attendait pas trop, dans une zone qui n’a pas une densité médicale ni des structures de soins très développées".

Mais malgré la circulation active du virus, Jean-Jacques Pik commence à voir le bout du tunnel. "J’ai l’impression que ça commence à stagner car le nombre d’hospitalisations commence à se calmer".
 

Cette maladie-là est particulièrement tordue


Ce n’est pas la première fois que le docteur Pik fait face à une épidémie au cours de sa carrière. Dans les années 2000, il s’était même rendu en Afrique qui était durement frappé par le VIH. "En tant qu’infectiologues, on veut affronter les maladies infectieuses. Mais j’avoue que cette maladie-là est particulièrement tordue" reconnaît-il en parlant du Covid-19. Notamment à cause de sa nouveauté, de sa diversité et de sa brutalité. Je suis en fin de carrière mais il y a des aspects de ma profession qui ont changé en seulement quelques semaines".

Au moment où nous achevons notre conversation par téléphone, il est 10 heures du matin en Guyane, soit cinq heure plus tôt qu’en France. Le médecin est en train de faire sa ronde dans le secteur "non-covid" de l’hôpital. "C’est très reposant ! Ça me fait faire de la médecine normale, j’ai l’impression de retrouver mon métier d’avant car je soigne des gens qui souffrent d’autre chose" admet-il. Mais le répit sera de courte durée, car le médecin est attendu dès le début d’après-midi dans le service des malades du Covid-19.

 
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