À Montataire dans l'Oise, Humanity Project aide les plus nécessiteux à travers des collectes de fonds ou des distributions alimentaires. Tout est né en 2020, à la suite de la mort du père de celui qui deviendra cofondateur de l'association.
Tout a commencé sur un terrain de football de Montataire en 2020. Nassim Labet et son ami Djiby Diallo ont fondé Humanity Project. Djiby avait perdu son père et l'idée est venue d'organiser un tournoi de foot pour récolter des fonds et subvenir aux besoins de la famille. "On a vu qu'il y a eu un certain engouement, une solidarité entre nous donc on a voulu faire les choses correctement et créer une association pour reproduire ça", explique Nassim Labet, vice-président et joueur professionnel de football.
Ce qui l'a motivé, dans un premier temps, c'est "l'impuissance de ne pas pouvoir aider" financièrement, par exemple, quand un drame pareil se produit. "Donc, réunir tout le monde à travers un même projet et se rappeler de la personne décédée, ça fait chaud au cœur pour la famille". Au cours du tournoi qui a précédé la mort du père de Djiby, ils ont fait participer de nombreuses personnes, en mettant notamment en place une buvette. "Petit à petit, on s'est dit : il y a plein de familles, que ce soit ici, aux alentours de Creil, Montataire, Nogent et même aussi à l'étranger" qui en ont besoin, poursuit-il.
Une histoire de solidarité
Tout ce projet entre finalement dans la continuité de l'histoire de Nassim. Quand il était plus jeune, sa situation financière était "assez difficile par moments". Il voyait ses parents en difficulté pour acheter de la nourriture et faire les courses. Ayant conscience qu'il n'était pas seul dans cette situation, il a voulu agir à son échelle.
"Le plus important dans ce projet-là, c'est d'aider les personnes qui sont dans le besoin, de pouvoir transmettre ce message que les jeunes de notre quartier peuvent s'engager, faire des choses bien. On n'a pas simplement l'image d'un jeune de quartier qui fait des bêtises dehors ou celle d'un délinquant", insiste-t-il. Le jeune homme souhaite transmettre aux jeunes des valeurs de solidarité et d'entraide afin qu'eux aussi puissent faire la même chose autour d'eux.
J’ai l’image de ma mère avec une calculette chez Lidl, donc je sais ce que c’est, à mon échelle.
Nassim Labet, vice-président de Humanity Project
Et ce projet séduit. Wided a rejoint l'association il y a "à peu près" deux semaines. Dès qu'elle a entendu parler de la maraude du samedi 28 octobre, elle s'est inscrite. "J'aime bien aider les gens quand je vois qu'ils sont dans le besoin, qu'ils ont besoin d'une aide, d'une présence ou de la nourriture". La jeune femme connaît l'association depuis 2020 mais, à cause de "quelques imprévus", elle n'a pas pu les rejoindre immédiatement.
Mohamed, de son côté, a rejoint Humanity Project il y a un mois. Lui et ses amis organisaient déjà des maraudes en dehors, et en prenant connaissance du travail de Nassim, il a été "grave intéressé". Cet habitant de Joinville-le-Pont, dans le Val-de-Marne, fait une bonne route pour venir, "mais je suis là pour aider", soutient-il.
Pour lui, cette maraude et ce bénévolat lui permettent de relativiser. "Des fois, j'ai des petites périodes où je me sens triste et, après, quand je repense à ces gens-là, je me dis qu'ils mènent une vie encore plus dure que moi, que je n'ai pas le droit de m'attrister sur ma vie et que je devrais tout faire pour les aider", déclare-t-il.
J’ai un toit, j’ai une famille, j’ai des amis, je me permets de faire des sorties, aller au cinéma, il y a des gens qui mangent pas de viande pendant un mois ou deux, parce que c’est compliqué pour eux.
Mohamed, membre de l'association
Un sac pour aider à finir la fin du mois
La semaine dernière, une opération caddie a été effectuée pour récolter "tout ce qui est hygiène et alimentaire" pour les familles qui sont aidées ce samedi, explique Wided. Dans les sacs, les jeunes ont fait en sorte de ne rien oublier. Un des bénévoles présente le contenu : des œufs, des pâtes, des aliments en conserve mais aussi des produits d'hygiène comme du gel douche, du dentifrice, des couches et des serviettes hygiéniques qui sont assez onéreuses.
Une vingtaine de bénévoles s'est ensuite rendue dans un foyer pour personnes en situation de précarité afin d'offrir les sacs de denrées aux 218 chambres. Les bénéficiaires de cette aide ne s'y attendaient pas. "Je pense que c'est une marque assez touchante, surtout avec le message qui est mentionné dessus : le bonheur est dans le partage. C'est très profond comme message. Ça apporte du baume au cœur", se réjouit une habitante.
Une autre admet que "l'argent qu'on nous donne ne suffit pas jusqu'à la fin du mois", donc en recevant ce sac, "ça nous arrange". Une troisième, de son côté, explique qu'en touchant le RSA, faire des courses pour le mois entier n'est pas évident. Cette attention lui permet de tenir jusqu'au prochain versement.
Les jeunes de l'association espèrent passer le flambeau aux générations futures. Wided, quant à elle, n'est pas inquiète : "je pense que la nouvelle génération est présente pour aider les gens, on est bien", conclut-elle avec le sourire.
Avec Paul-Guillaume Ipo / FTV